La
comédie de Boulevard affligeante à laquelle ont participé les dirigeants d’un
des plus grand parti français, qui au passage auront réussi à évincer médiatiquement
la mobilisation de Notre Dame des Landes ou encore le sommet de Doha sur le réchauffement
climatique, nous laisse penser en tant que spectateur de l’arène politique que
les raisons de cette scène de ménage dépassent l’enjeu de la seule présidence d’un
parti politique. De nombreuses affaires montrent que, de droite comme de gauche, les hommes et femmes politiques sont exposés aux situations de conflit d’intérêt, à la pression des lobbys, aux tentations de montages financiers et
fiscaux exotiques.
En
politique, les individus seraient-ils d’avantage motivés par la recherche d’intérêts
personnels plutôt que par la défense de l’intérêt général ? Les Français pensent que
oui. Une récente enquête sur la perception de la corruption en France en 2012 montre que 70% des français considèrent que leurs représentants politiques sont
corrompus. D'après Transparency International, la France se situerait ainsi au 22ème rang mondial et au 9ème rang européen des pays les moins
corrompus aux yeux de l’opinion publique.
La
politique française fait face à une sérieuse crise de confiance mettant en péril
le bon fonctionnement de la démocratie. Derrière
cette crise de confiance se cachent probablement une crise de la démocratie
représentative. Les
dernières élections législatives de juin 2012 ont donné lieu à un taux d’abstention
record. 40% des électeurs français n’ont pas pris part à cette élection qui n’est
pourtant pas mineure étant donné qu'elle consiste à élire ceux qui votent les
lois en France. A mesure que l’abstention monte, la légitimité électorale de
nos représentants politiques baisse, bien que leurs pouvoirs restent le même.
Le sentiment de coupure avec la classe politique ne cesse de monter.
On
observe une chute de l’engagement politique et syndical. Moins de 2% des électeurs
adhérent à un parti, de même seulement 8% de la population active est syndiqué. Les
dysfonctionnements de la démocratie représentative s’illustrent aussi à travers
la composition extrêmement homogène de « l’élite politique ». En
effet, aujourd'hui, nous comptons en France seulement 27% de femmes parmi nos députés, moins de 1% d’élus issus des catégories populaires (employés et ouvriers). La
moyenne d’âge des députés français est de 55 ans quand celle des sénateurs reste supérieure à 60 ans. Les personnes issues de l’immigration sont également
très mal représentées.
Pour
Loïc Blondiaux, chercheur en sciences politiques à Paris I et auteur notamment
de « La fabrique de l’opinion » et d’un ouvrage intitulé « Lenouvel esprit de la démocratie », nous assistons aujourd'hui à la fin de « l’évidence
démocratique », à la fin de l’illusion représentative où le vote à
intervalle régulier pour des représentants suffirait à garantir lesprincipes de la démocratie.
Une
commission sur la moralisation de la vie politique présidée par Lionel Jospin a
bien rendu un rapport au Président de la République en lien avec cette problématique
mais celui-ci reste encore timide. Cette crise de confiance politique devrait
au contraire nous inciter à mener une réflexion ambitieuse sur nos institutions
politiques. Pour améliorer la vie politique, nous devons nous appuyer sur des
modes d’organisations différents avec des instances plus participatives, nousinspirer d’expérience étrangère, démocratiser la représentation, et chercher à accroître les capacités réelles
du citoyen à exercer et exprimer son propre jugement, à mettre en place les
conditions d’une vrai délibération.
C’est
à la condition d’une remise en cause de fond du fonctionnement politique que
les français retrouveront goût à la politique.
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