logo

"Un homme sérieux a peu d'idées. Un homme à idées n'est jamais sérieux" Paul Valéry


blog médias Tribunes Donation etc.

La sortie de l'euro n'améliorera pas le pouvoir d'achat des salariés

lundi 25 avril 2011




Après la crise de la dette irlandaise, grecque, et maintenant portugaise et espagnole, la nouvelle brillante idée d'une certaine partie de la classe politique serait la sortie de l'euro. Elle seule permettrait de retrouver croissance, compétitivité, emploi et surtout pouvoir d'achat puisque l'euro aurait multiplié les prix par six (1 euro= 6,55957 F).

Autant le dire d'entrée, l'idée n'est ni faisable techniquement, ni opportune politiquement, ni souhaitable économiquement. Une telle proposition n'apportera que des désavantages, au point que l'on peut se demander si ses promoteurs peuvent bien qualifier d'"idée" une telle mesure.

D'un point de vue technique tout d'abord, la sortie de l'euro n'est pas prévue dans les traités. Tous les pays membres de l'UE se sont engagés à entrer dans l'Union Economique et Monétaire en rejoignant l'UE à l'exception du Royaume-Uni qui a négocié une clause d'opting-out et le Danemark. Tous les autres pays ont vocation à rejoindre l'euro lorsque les conditions d'adhésion (inflation, taux de change, taux d'intérêt, dette) sont réunies. Ainsi la Suède, toujours hors de l'euro, viole-t-elle les traités puisque l'adhésion à l'euro est, pour ce pays, une obligation.

Il est vrai qu'un traité peut-être révisé et que chaque membre de l'UE peut demander sa sortie de l'euro. Toutefois, la révision des traités sur un point aussi fondamental nécessite l'unanimité des membres de l'UE. Par ailleurs, un telle négociation a un coût puisqu'elle mobilise des équipes pendant de longs mois et qu'il faut recréer la monnaie d'origine. Il faut encore rendre cette monnaie crédible et forte, ce que l'actuelle crise économique rend problématique. Une dénonciation du traité de Lisbonne et des traités européens, acte unilatéral, provoquerait quant à elle une crise politique majeure avec les autres pays membres de l'UE qui restent nos principaux partenaires économiques, et aurait pour inconvénient de suspendre toutes les politiques de l'UE. La sortie du marché commun serait désastreuse pour l'économie française dont plus des deux-tiers du commerce est réalisé à l'intérieur de l'UE.

Surtout, la sortie de l'euro ne résoudra pas le problème de la dette des états et du pouvoir d'achat des salariés. L'euro est en effet une monnaie puissante, non parce que sa parité avec le dollar est élevé (1€= 1,46 $) mais parce que 40 % du commerce international est libellé en euro et qu'il constitue la deuxième réserve de monnaie du monde avec 25 % des stocks des banques centrales. Cela permet d'une part d'importer à moindre coût: l'amélioration du pouvoir d'achat passe ainsi par des importations peu onéreuses (pétrole, technologie). Cela donne également la possibilité de s'endetter à moindre frais puisque la confiance des investisseurs conduit ces derniers à exiger un taux d'intérêt faible comparée à une monnaie moins puissante et moins stable. Aucun pays de l'UE, pas même l'Allemagne, première économie d'Europe, ne parviendrait, seul, à susciter une confiance dans sa monnaie nationale comparable à celle dont jouit l'euro. Toute sortie de l'euro, y compris pour un pays comme la quatrième puissance économique mondiale, se solderait par une remontée des taux d'intérêt et par une diminution du cours de sa monnaie.

Les salariés seraient alors doublement perdants: d'une part, l'augmentation de la charge de la dette conduirait à terme à une augmentation des impôts; d'autre part, la diminution du cours de la monnaie renchérirait le coût des importations, diminuant ainsi le pouvoir d'achat des salariés. Les exportations françaises ne seraient pas ou peu stimulées puisque nos pertes de parts de marché viennent moins de la compétitivité-prix et coût de nos entreprises que de la qualité de l'offre des produits français.

Pourtant la crise de la zone euro semble montrer que l'euro ne protège pas les Etats européens. Malgré une monnaie commune, les taux d'intérêt divergent au point que la dette de certains états est jugée insoutenable provoquant une crise de la dette. En outre, le cours élevé de l'euro empêcherait toute sortie de crise. Puisque l'euro ne protège pas de la crise, est-ce-à-dire que la sortie de l'euro est la solution? Il n'en est rien. Loin d'être une conséquence de l'euro, l'actuelle crise de la dette invite à repenser la place de la dette dans les économies (un prochain billet sera consacré à la dette dans la zone euro).

2 commentaires:

Anonyme a dit…

article somme toute d'une rare indigence, et rempli de sottises... que ceux qui ne l'ont pas encore lu ne perdent donc pas leur temps!

Stakhanov a dit…

C'est surtout votre commentaire qui est indigent. Dites-nous, si cela est possible, pourquoi la sortie de l'euro vous semblerait souhaitable ou quelles critiques vous objectez?

Ecrire un commentaire sur un article plus de deux ans après sa publication me semble plutôt un signe d'intérêt.

Enregistrer un commentaire