Depuis l’annonce de Total d’une hausse de 4% des prix de l’essence, deux ministres s’opposent. D’un coté Xavier Bertrand crie haut et fort que les pétroliers répercutent plus à la hausse les cours du baril de pétrole sur l’essence qu’à la baisse ; de l’autre, Eric Besson affirme martèle, études à l’appui, que la répercussion à la baisse est aussi forte que la répercussion à la hausse.
Trois études sont régulièrement citées dans les médias français. La première, publiée en mai dernier par la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF), relève que les pétroliers ne répercutent pas intégralement à la pompe la baisse des cours du pétrole brut. Alors que les prix auraient dû baisser de 6 centimes dans la première quinzaine de mai dernier, ils n’ont baissé que de 3,9 centimes dans les grandes surfaces et de 3 centimes dans les stations des grands groupes pétroliers. Elle ne concerne cependant qu’une période courte, à peine une quinzaine de jours.
Plus récemment, un article scientifique d’un groupe d’économistes de l’ESG - dont mon frère fait partie - a montré à partir de données de panel sur les vingt dernières années incluant des contrôles sur la parité euro-dollar et sur les changement de fiscalité subies par le secteur que les pétroliers répercutent plus à la hausse qu’à la baisse les prix du pétrole. Une hausse de 1% du prix du pétrole entraîne une hausse de 0,12% des prix du gazole tandis qu’une baisse de 1% des prix du pétrole ne se traduit que par une baisse de 0,07% des prix à la pompe. L’industrie pétrolière étant une industrie de « gros sous », chaque centime de marge supplémentaire rapporterait 1,4 million d'euros par jour aux pétroliers, d’où leur réticence à répercuter rapidement les baisses de prix.
Une dernière étude, commandée par Eric Besson, à la Direction générale de l’énergie et du climat, veut casser les arguments des deux études précédentes : les variations du cours du pétrole seraient répercutées sur les prix à la hausse comme à la baisse. Seulement l’étude ne concerne qu’une période de deux mois et les répercussions ne sont pas analysées au jour le jour : les pétroliers finissent donc toujours par répercuter les baisses de prix de carburants mais ils manquent de réactivité volontairement pour dégager un maximum de marge.
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