Alors qu'en France des « bretons aux bonnets rouges »
font pression sur le gouvernement pour empêcher la mise en place de l'écotaxe,
les négociations sur le climat ont repris à Varsovie la semaine dernière. Les
délégués d'environ 200 pays s'y rassemblent pour la 19ème conférence de l'ONU
sur le climat (COP19). L'enjeu est de préparer un accord sur la réduction des
émissions mondiales de gaz à effet de serre pour la COP21 qui aura lieu à Paris
en 2015.
Dans le même temps, l'actualité est secouée par le typhon
qui a renversé lesPhilippines. Bien qu'aucun lien ne soit scientifiquement
avéré, il est difficile de ne pas relier la multiplication des catastrophes
naturelles extrêmes au dérèglement climatique en cours. C'est bien ce lien
qui incite Maximes Combes, l'un des auteurs du livre La
nature n'a pas de prix publié
l'an dernier, à se demander si la France, qui peine à organiser sa transition
écologique, ne devrait pas abandonner l'organisation de la conférence sur le
climat de 2015 au profit des Philippines.
La démonstration scientifique de la responsabilité humaine et
industrielle du changement climatique n’est plus à faire. La recherche
perpétuelle d’une croissance économique élevée oblige nos sociétés à produire
toujours plus. Plus de vingt ans après le rapport Brundtland, l’état de santé
de l’environnement mondial présente un bilan alarmant. D'après le Programme des
Nations Unies pour l’Environnement, dans son rapport sur l’avenir de
l’environnement mondial, publié à l’occasion du sommet de la Terre Rio + 20
(2012), tous les indicateurs environnementaux sont dans le rouge: autant au
niveau de l’atmosphère avec le réchauffement climatique, de l’eau avec les
problèmes de pollution des nappes phréatiques et d’approvisionnement, ou encore
de la biodiversité avec une extinction importante d’espèces. Ces dégradations
s’expliquent en grande partie par le volume des activités économiques.
Les activités de production et celles de consommation
s’accompagnent d’un certains nombres d’effets externes négatifs sur
l’environnement. Si la population mondiale a augmenté, les modes de vie ont
évolué et apparaissent de moins en moins adaptés à notre environnement. Le parc
automobile par exemple a doublé ces vingt dernières années, on compte désormais
800 millions de voitures sur Terre en 2005. D’après le géographe canadien Jules
Dufour, le nombre de kilomètres parcouru par l’aviation civile a augmenté de
76% entre 1990 et 2000, lorsque le tonnage maritime a doublé sur cette période.
Ces modes de transport sont particulièrement consommateurs d’énergies fossiles
et émetteurs de gaz à effet de serre (GES). L'augmentation du PIB reste le
principal vecteur d’augmentation des émissions de GES. Ainsi depuis 1970, le
PIB mondial a été multiplié par 3 et les émissions de GES ont doublé sur cette
période.
L’empreinte écologique, indicateur de soutenabilité écologique,
mis au point par William Rees et Mathis Wackernagel, montre bien le lien entre
PIB et dégradation de l’environnement. On observe une corrélation positive
entre le PIB/habitant et le niveau de l’empreinte écologique. Ainsi les
Etats-Unis ont une empreinte écologique de 4,6 contre 0,3 pour le Congo,
lorsque l’empreinte écologique moyenne mondiale est de 1,5. Cela signifie que
si tous les habitants de la Terre vivaient comme un américain moyen, il
faudrait 4,6 planètes pour satisfaire tous nos besoins.
Un changement de modèle est nécessaire. Si comme le souligne
l’intellectuel allemand Harald Welzer, issu de la mouvance écologiste, le
capitalisme et la quête de croissance des sociétés occidentales ont favorisé
l’émergence de normes très élevées, liberté, droit, démocratie, ce
développement s’est fait au détriment de l’environnement. Au delà de la
question de la croissance et du modèle économique, il convient de s’interroger
sur les manières d’inventer une société qui puisse conserver l’ambition du
progrès social, tout en réduisant l’impact de l’humanité sur l’environnement.
Cela n'est pas aussi simple, comme nous l'analysions l'an dernier sur le
blog dans un article intitulé: "Les
négociations climatiques: un sujet chaud !", le jeu géopolitique est
particulièrement complexe, le dilemme des négociations climatiques à travers le
principe de « responsabilité commune mais différenciée » est qu'il
faut tenir compte du passé sans négliger pour autant l’avenir. Si les gros
émetteurs du passé (et du présent) sont bien l’Europe et les Etats-Unis, le poids
de plus en plus important de la Chine et l’Inde (les gros émetteurs de
GES du futur) dans le bilan carbone mondiale doit être intégré dans les
négociations climatiques.
C'est cette complexité qui est mise en scène dans le documentaire
« Climat: pas d'alternative,
il faut rejouer Copenhague ». A travers un jeu de rôle grandeur nature
organisé avec les étudiants de Sciences Po et piloté notamment par Sebastien
Treyer et Grégory Quenet, on y comprend les difficultés que comporte la
négociation d'un bien commun mondial en l'absence d'une véritable gouvernance
mondiale. Il apparaît urgent de réformer «ces grandes messes Onusiennes ».
Alors, à quand une Organisation Mondiale de l'Environnement?
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