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"Un homme sérieux a peu d'idées. Un homme à idées n'est jamais sérieux" Paul Valéry


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Pour redonner du pouvoir d’achat, supprimons les dividendes!

lundi 11 juillet 2011




Le pouvoir d’achat va constituer l’enjeu des prochaines échéances électorales en France. En effet, la promesse d’augmenter le pouvoir d’achat n’ayant pas vu le commencement d’un début de réalisation, le prochain Président, ou la prochaine Présidente, aura pour mission, avec son Gouvernement, de proposer des solutions concrètes pour traiter ce problème urgent.

Des solutions pour accroître le pouvoir d’achat
 
La question du pouvoir d’achat est liée à celle des salaires : en ce domaine pas de miracle possible à court terme. En effet, puisque les salaires dépendent de la productivité des salariés, l’augmentation de celle-ci nécessite des actions de fond dont les effets ne pourront être réalisés qu’à moyen terme. A court terme toutefois, il existe des solutions.

Une première solution réside dans la détermination d’un prix maximum aux biens de consommation courante pour éviter que la hausse des prix ne pénalise le pouvoir d’achat. Une seconde solution consisterait à augmenter les salaires mais elle comporte des risques inflationnistes. Une troisième solution reviendrait à bloquer le prix des loyers puisque ceux-ci constituent une part importante de la consommation des ménages.

Une dernière solution réside dans un partage plus juste de la valeur ajoutée. En effet, celle-ci est répartie pour les deux- tiers en salaire et pour un tiers en profit. Le rapport Cotis explique le faible dynamisme des salaires -et par conséquent la stagnation du pouvoir d’achat- par la faiblesse de la croissance économique et l’augmentation prélèvements sociaux. Le salaire net stagne mais les salaires différés ont augmenté et bénéficient au salarié. On peut toutefois rétorquer qu’une plus forte croissance aurait certes contribué à accroître les salaires, mais elle n’aurait en rien modifié la répartition de la valeur ajoutée entre profits (33 % de la valeur ajoutée) et salaires (67 % de la valeur ajoutée). C’est sur cette répartition qu’il convient de réfléchir.

La part des dividendes dans le profit est excessive

D’après le rapport en effet, le profit (33 % de la valeur ajoutée) est réparti entre investissement (57 % des profits soit 19 % de la valeur ajoutée), épargne salariale (7 % des profits soit 2 % de la valeur ajoutée) et les revenus distribués aux propriétaires du capital c’est-à-dire les dividendes (36 % du profit soit 12 % de la valeur ajoutée). Si l’investissement des entreprises est bien entendu indispensable pour une économie et que l’épargne salariale constitue un complément de salaire toujours trop faible mais appréciable, on pourrait très bien utiliser les dividendes pour accroître les salaires, ce qui revient à diminuer –voire à supprimer- les dividendes.

Le double revenu des actionnaires n’est pas justifié

En effet, le système des dividendes implique que les détenteurs de capital (les actionnaires) sont rémunérés deux fois : une première fois par la valorisation du titre et les perspectives de revente ; une seconde fois par les dividendes versées par l’entreprise aux actionnaires. Comme rien ne justifie que les actionnaires soient payés deux fois, il serait possible de supprimer l’un de deux modes de rémunération des actionnaires :

- soit l’on supprime le gain à la revente, ce qui signifie que le prix obtenu lors de la cession d’une action revient à la collectivité publique, l’actionnaire conservant toutefois la possibilité de percevoir des dividendes aussi longtemps qu’il détient l’action ;

- soit on supprime les dividendes. Ceux-ci seraient transformés en investissement, ce qui accroîtrait la croissance de long terme- ou en salaires.
La suppression des dividendes : une solution pour accroître le pouvoir d’achat par le salaire ou l’investissement

La suppression des dividendes permettrait de redistribuer plusieurs centaines de milliards d’euros en faveur des salariés. La part des salaires passerait ainsi à 79 % de la valeur ajoutée si l’ensemble des dividendes leur était alloué. La suppression des dividendes serait en outre sans conséquence pour la croissance économique puisque la part consacrée à l’investissement resterait stable à 19 % de la valeur ajoutée. Elle pourrait même augmenter si l’on transforme les dividendes en investissement : celui-ci pourrait atteindre jusqu’à 93 % des profits soit 31 % de la valeur ajoutée.

Pour mettre en oeuvre une pareille révolution, il faudrait inciter les entreprises à investir davantage. Une réduction de l’impôt sur les sociétés en fonction des profits réinvestis est une solution régulièrement évoquée. Pour s’assurer que les profits ne sont pas redistribués en dividende, on peut également inciter –ou obliger- les entreprises à rémunérer davantage leurs salariés ou encore légiférer pour interdire le versement de dividendes aux actionnaires.
La suppression des dividendes produit des externalités positives

La suppression des dividendes a plusieurs avantages : d’une part, elle est conforme à la théorie économique la plus classique puisqu’en situation de concurrence pure et parfaite, le profit –donc le dividende- s’annule parce que les entreprises se concurrencent par les prix. Il est ainsi amusant de constater que la suppression des dividendes, si décriée par les capitalistes, rend effectif le modèle économique classique.

Par ailleurs, si les actionnaires ne sont rémunérés qu’à la vente de leurs titres (à la manière d’un propriétaire immobilier) et non plus par les dividendes perçus, ceux-ci se retrouveraient contraints à… travailler ! et non pas à attendre les fruits d’une rente. On réaliserait ainsi de façon figurée le vieux rêve de Keynes qui appelait à l’euthanasie des rentiers. Plus personne ne pourrait vivre de sa rente puisque tout le monde serait dans l’obligation de travailler. Les anciens rentiers ne seraient pas perdants pour autant, puisqu’ils bénéficieraient de l’accroissement de la part des salaires dans la valeur ajoutée pour se voir proposer des salaires décents, et que leur participation au marché du travail est un facteur de croissance économique.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

"Le double revenu des actionnaires n’est pas justifié"

si et seulement si il y a double revenu...

un dividente peut être versé, avec un cours en baisse.

un cours en hausse, n'implique pas obligatoirement un versement de dividende.

Anonyme a dit…

Bonjour,

Cette idée de suppression des dividendes est portée par moi-même à l'Assemblée nationale.

Merci.
http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion3228.asp

Jean-Jacques CANDELIER

Anonyme a dit…

Une société commerciale est un contrat ordinaire entre des actionnaires. Le nom de ce contrat est "les statuts". Ce contrat stipule de payer un gérant qui utilisera les fonds pour obtenir un profit. Le profit est la différence entre le gain et les dépenses. Le contrat de société commerciale stipule que le profit appartiendra, s'il existe et s'il est positif, entièrement aux actionnaires.

La principe de la société commerciale résulte directement et uniquement du droit du contrat. Dans certains pays, l’État exige d'enregistrer les statuts. Dans d'autres pays, cet enregistrement des statuts n'est pas nécessaire. Les tiers, clients, fournisseurs et salariés, établissent des contrats de vente de services et de marchandises avec la société. Chaque tiers à la société accepte explicitement les statuts de la société, du moins en ce qui les concerne. Chaque acceptation de chaque tiers est, là encore, contractuelle.

Une action dans une société est un contrat unilatéral cessible. Une action se vend et s'achète, se possède.

Tous les échanges dans une société commerciales sont convenus librement entre des contractants. L’État ne doit pas intervenir dans aucun contrat privé. Il violerait l'article 1134 du Code Civil. le Code Civil rappelle que la contrat est une loi entre les contractants. Une jurisprudence constante de la Cour de Cassation le rappelle. Ce n'est pas le rôle de l’État de briser les lois convenues librement entre des contractants.

L'idée de repartir autrement les profits relève nécessairement du vol, du viol du droit du contrat. Un investisseur fuit chaque incertitude juridique. Une intervention violente de l’État dans des contrats pré-établit est destructrice de l'ordre juridique, de l'ordre sociale, sans aucun profit pour personne.

Stakhanov a dit…

Bonjour.

Heureux de voir que des idées portées par l'observatoire des idées sont reprises en propositions concrètes.
Je précise que ma critique des dividendes va au-delà d'un moratoire et de la période de crise: il s'agit de supprimer définitivement les versements de dividendes pour accoître le pouvoir d'achat -sans réduire l'investissement- et sortir d'une économie de rente. Mais il est pragmatique de commencer par un moratoire.

Cordialement,
Stakhanov
aleks.stakhanov@gmail.com

Stakhanov a dit…

Bonjour.
A Gidmoz: merci pour le commentaire.
je ne suis moi même pas juriste. Je peux simplement dire qu'il me semble que l'article 1134 du code civil a valeur législative: il peut donc être modifié par une loi du Parlement. Je précise aussi que l'article 1134 du code civil dispose que "les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites". l'adverbe "légalement" est important. Cela suppose nécessairement l'intervention de l'Etat, ou plutôt de la loi, puisque seuls les contrats légaux peuvent être exécutés comme s'il s'agissait de lois. La loi peut précisément identifier des clauses qui ne sont pas permises ou pas tolérables. La clause d'un contrat peut-être déclarée nulle si elle est contraire à la disposition d'une loi. Les contrats ne peuvent donc pas tout. Je constate que dans votre conception, les gestionnaires et actionnaires se mettent d'accord, par contrat: mais quelle place accordez-vous aux salariés?

Pour conclure, je rappelle que je parle de supprimer les dividendes, non pas les profits. je me demande si le dividende ne constitue pas un vol à l'encontre des salariés ou encore à l'encontre des consommateurs. je suis d'accord quand vous dites qu'il faut une certaine sécurité juridique.

Cordialement,
Stakhanov
aleks.stakhanov@gmail.com

long_john_silver a dit…

En quoi le fait que la rémunération de l'actionnaire se fasse en 2 fois est-elle scandaleuse? Vitupérez-vous contre le commerçant qui vous offre de payer en 4 fois sans frais sous prétexte que vous le payez 4 fois?

Les dividendes sont de l'argent dont l'entreprise n'a pas besoin. Libre aux actionnaires de réinvestir cet argent dans des entreprises qui en ont plus besoin.
Il existe toute une littérature économique selon laquelle les dividendes permettent de soustraire des dirigeants peu scrupuleux de l'argent qu'il pourrait investir voire carrément dépenser à mauvais escient (par exemple, se lancer dans la constitution d'empires industriels aussi inefficaces que pourvoyeurs de juteuses rémunérations pour leurs administrateurs).

De toute façon, il existerait un moyen assez simple de contourner un tel dispositif: le rachat d'actions de l'entreprise.

Si vous en avez après les rentiers, utilisez plutôt l'impôt sur la fortune et les successions (ou les impots sur les revenus du capital et les plus-values).

Anonyme a dit…

c'ets d'une imbécilité , supprimer les dividendes , beaucoup de retraité qui sont la majorité des porteur individuel en France compte sur ces dividendes dans leur pouvoir d'achat...

Un investisseur qui compte sur le devidende est un investisseur de long terme, c'est la seule chose de saine dans la sphère financière...

Stakhanov a dit…

Merci pour la réflexion et bonne année 2012.

Je ne pense pas que les retraités français comptent sur les dividendes. Les 37 milliards d'euros verses par les grandes entreprises ne sont pas suffisants pour payer les retraites. Les retraités comptent davantage sur leurs pensions de retraite par répartition, dont le montant devient de plus en plus incertain avec les réformes successives.

Votre propos confirme en fait mon hypothèse à savoir que les dividendes ne contribuent pas à la croissance mais uniquement à entretenir des rentiers, c'est-à-dire ceux qui perçoivent un revenu sans travailler.

Il est vrai que le système de retraites par capitalisation oblige les retraités à attendre des dividendes: c'est pour cela que je privilégie un système par répartition qui évite de créer des rentiers et de financiariser de façon excessive l'économie.

Je ne pense pas qu'un investisseur attende des dividendes pour le long terme. Au contraire, le dividende est recherché pour le court terme. A long terme, il préfère l'augmentation de la valeur de l'entreprise par l'augmentation du cours des actions: c'est en les revendant à moyen terme qu'il peut réaliser une plus-value.

Ajacx a dit…

Franchement, je soutiens votre proposition. Et encore plus si vous me dites que les retraités sont des petits porteurs. Ces types ont travaillé 35 ans et devraient gagner plus d'argent que les actifs actuels?

Anonyme a dit…

C'est absurde : supprimer les dividendes revient à supprimer l'investissement privé...

Ce qui pousse les actionnaires à investir de l'argent dans une entreprises est qu'ils vont toucher des dividendes en contre-partie.

Sinon, pour quelle raison achèteraient-ils des parts de l'entreprise ?

Encadrer la SPECULATION serait une bien meilleure proposition...

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