L'appel de Warren Buffet pour un sacrifice partagé du fardeau de la crise actuelle a donné une idée à nos super-riches français: "taxez-nous" disaient-ils. En Italie, le dirigeant de Ferrari a également déclaré vouloir payer plus d'impôts tandis que les riches allemands voulaient eux aussi payer un impôt sur la fortune temporaire.
Au Royaume-Uni en revanche, les méga-riches ont préféré garder le silence. L'île est à la dérive entre l'Europe sociale et la philanthropie américaine: le libre-marché instauré par Thatcher a la vie longue. Les méga-riches du Royaume-Uni sont bien souvents des milliardaires étrangers qui ont posé pied à Londres plutôt qu'à Paris ou à Milan - alors qu'ils souhaitaient s'installer en Europe - justement pour une raison fiscale. Comme le dit Bagehot, les super-riches du Royaume-Uni sont semblables à des joueurs de football, les tatouages en moins.
Il faut aller toutefois plus loin dans le cas du Royaume-Uni qui se distingue par deux effets: une tranche supérieure de l'impôt sur les personnes physiques qui est de 50% contre 41% en France; un système de reproduction des élites qui ne se cache pas derrière une pseudo égalité des chances. Le premier effet est important pour comprendre la profonde opposition des classes aisées à être taxées: le taux nominal d'imposition envoie un signal psychologique qui fait croire à un niveau de taxation élevée quand le taux d'imposition moyen est légèrement inférieur à la moyenne de l'OCDE. Le deuxième effet renvoie à la reproduction des élites anglaises via la Chambre des Lords et le système des public schools. Les méga-riches anglais étant une classe internationalisée, leur connexion avec le politique est beaucoup moins importante que celle des super-riches de l'Europe continentale ou des Etats-Unis, soucieux de maintenir le bon ordre sécuritaire du pays. De ce point de vue, les émeutes anglaises pourraient bien reprendre, renforçant encore une fois le pouvoir des conservateurs au pouvoir qui représentent l'avènement des méga-riches déconnectés de la société: taxer les plus riches nuierait à la compétitivité du système fiscal britannique entend-on. Mais reproduire la situation actuelle ne nuira-t-il pas à la société dans son ensemble?
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