Nécessité de la réforme
Trois ans après la réforme de la Présidence Sarkozy, le Président Hollande s'offre sa propre réforme des retraites. La réforme de 2010 devait permettre l’équilibre du système jusqu’en 2020, au prix du pillage du Fonds de réserve des retraites qui assurait le financement des pensions après 2020. La réforme portée par Woerth n'aura été qu’un toilettage peu utile car sa durée de vie supposée de dix ans n'aura duré que trois ans. Sans réforme, le régime des retraites serait largement déficitaire en 2020. Il n’y avait donc pas d’autres solutions de court terme que le rabotage du système par une augmentation des durées de cotisations ou des cotisations elles-mêmes, ce qui passe par un alignement des règles des différents régimes de retraites, sauf à repenser de manière globale notre système de retraites. La réforme du PS est habile politiquement car elle aborde toutes les questions essentielles, sans toutefois s'avérer durable.
Evolution du PS sur la question des retraites
Le contre-projet du PS en 2010 considérait la question des retraites comme relevant de la solidarité nationale et proposait donc des taxes supplémentaires sur les plus hauts revenus et le capital, ainsi qu’une augmentation des cotisations supportées par les entreprises pour financer la réforme des retraites.
Le think tank Terra Nova, proche du PS, proposait de casser les avantages fiscaux des retraités pour lever 11 milliards d’euros par an. Cette proposition, qui est depuis systématiquement remise sur le tapis, se base sur l'idée que les générations précédentes ont travaillé moins longtemps et qu'il n'est donc pas nécessaire qu'elles bénéficient en plus d'avantages fiscaux trop importants. Le gouvernement a écarté une potentielle augmentation de la CSG d'une manière générale ainsi que sur les retraités, tout en revenant sur certains avantages fiscaux, notamment la défiscalisation de la majoration de 10% de la retraite pour les parents de trois enfants; cette mesure entraînera une augmentation du montant d'imposition d'environ 10% pour les intéressés.
Le think tank Terra Nova, proche du PS, proposait de casser les avantages fiscaux des retraités pour lever 11 milliards d’euros par an. Cette proposition, qui est depuis systématiquement remise sur le tapis, se base sur l'idée que les générations précédentes ont travaillé moins longtemps et qu'il n'est donc pas nécessaire qu'elles bénéficient en plus d'avantages fiscaux trop importants. Le gouvernement a écarté une potentielle augmentation de la CSG d'une manière générale ainsi que sur les retraités, tout en revenant sur certains avantages fiscaux, notamment la défiscalisation de la majoration de 10% de la retraite pour les parents de trois enfants; cette mesure entraînera une augmentation du montant d'imposition d'environ 10% pour les intéressés.
En revanche, le PS n'a pas évolué sur quatre sujets: la réforme des régimes spéciaux, l'augmentation de l'âge minimum du départ à la retraite, la désindexation des retraites sur l'inflation et la lutte contre les inégalités dans l'accès à la retraite. Il a cependant abordé indirectement chacun des quatre arguments.
La réforme idéale des retraites
- Ne pas avoir avancé frontalement sur l'alignement des régimes spéciaux sur le régime général est évidemment une erreur économique, d'autant plus que le gouvernement a créé un compte pénibilité qui pourrait se substituer aux régimes spéciaux. La mise en place du compte unique de retraite va dans le sens de l'alignement des règles des régimes mais il faut assurer la convergence des régimes entre eux. Le système actuel offre de droits différents à des personnes qui ont des revenus et des carrières similaires, ce qui est intolérable.
- L'augmentation de l'âge plancher du départ à la retraite, mesure pratique pour renflouer les caisses car elle augmente la durée de cotisations et la probabilité d'avoir des retraités dont la retraite n'est pas complète. La durée de cotisations est en revanche relevée à 43 ans en 2035.
- Par ailleurs, la désindexation des retraites sur l'inflation n'aura pas lieu mais le gouvernement l'a remplacé par le report de la valorisation des pensions de retraites en novembre plutôt qu'en avril. Sur une année pleine, un retraité perd donc six mois de revalorisation des retraites.
- Enfin, la lutte contre les inégalités par la meilleure prise en compte du temps partiel, de l'apprentissage et des périodes de chômage dans le calcul des annuités de retraites, va dans le bon sens de la lutte contre les inégalités dans l'obtention des retraites. Elle ne résout cependant pas de manière définitive l'inégalité fondamentale de notre système par répartition.
La réforme idéale des retraites
Le système actuel des 25 meilleures années est injuste : un ouvrier commence à travailler plus tôt qu’un cadre et va donc cotiser plus longtemps ; en dépit d’une durée de cotisation plus longue, il n’aura pas ou peu avec le mécanisme de surcote un meilleur niveau de vie à la retraite ; il mourra par ailleurs plus jeune. Par ailleurs, du fait des qualifications requises pour certains métiers, un ouvrier a plus de chances d’entrer sur le marché de l’emploi avant 20 ans et a donc une grande probabilité de cotiser plus longtemps qu’un cadre lorsque l'âge de départ minimum de la retraite est relevé.
La réforme idéale serait de déconstruire le système de répartition. Les économistes Antoine Bozio et Thomas Piketty ont proposé un système des retraites qui repose sur un âge plancher de 60 ans pour prendre sa retraite, et la suppression de l’âge auquel on peut bénéficier d’une retraite à taux plein sans avoir pleinement cotisé. Chacun cotiserait pour lui-même : pour se faire, les cotisations retraites devraient être relevées à 25% du salaire brut. En quelques sortes, chacun cotiserait plus en échange de la garantie de toucher l’argent de ses cotisations. Il n’y a plus de retraites complètes ou non, le système est lisible : si je commence à travailler à 20 ans et que je cotise 46 ans, j’ai le droit à une pension égale à l’ensemble de mes cotisations divisé par la durée de ma retraite (calculée en fonction de l'espérance de vie, par exemple par Catégories socio-professionnelles). Chacun a ainsi le droit de définir selon ses propres goûts son temps de travail et le niveau de pensions qu’il considère justes pour vivre.
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