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"Un homme sérieux a peu d'idées. Un homme à idées n'est jamais sérieux" Paul Valéry


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Boîte à arguments contre Marine Le Pen

vendredi 24 juin 2011


Première idée reçue du FN: l'immigration crée des tensions à la baisse sur les salaires et entraîne une augmentation du chômage

Théoriquement, si l'on considère que les immigrants viennent de pays dans lesquels les niveaux de rémunération sont moins élevés ou n'ont pas de qualification, cela pourrait être vrai. Il faut donc s'intéresser à la structure de l'immigration en France. Dans les années 2000, la France accueille chaque année 200 000 immigrés, environ 40% vient des pays européens ou d'Amérique du Nord, 60% d'Afrique et d'Asie. L'impact de l'immigration sur le niveau du chômage ou sur les salaires est faible, voire nul, et de toute façon transitoire. Une vague massive d'immigration comme le rapatriement des français d'Afrique du Nord au début des années 1960 a eu un effet négatif faible et seulement transitoire sur le marché du travail des régions les plus touchées par la vague d'immigration (Jennifer Hunt, Industrial and Labor Relations Review, 1992). Contre l'argument de Marine Le Pen, l'immigration au Royaume-Uni qui a augmenté de 60% entre 1998-2003 et 2004-2006, a entraîné +0,4 points de croissance par an.

Toutefois, Marine Le Pen n'est pas clair dans ses propos. Parle-t-elle des immigrés (les français et les étrangers nés à l'étranger et qui vivent sur notre territoire) ou des étrangers (les non-français qui vivent sur notre territoire et qui peuvent être nés en France)?



Deuxième idée reçue: les droits de douane permettent de protéger les producteurs français et de renflouer les caisses de l'Etat

Là encore, l'argument n'est vrai qu'en théorie (voir un excellent billet pour plus de détails). Depuis 1945, les pays qui ont mené des stratégies de réduction des droits de douane et d'ouverture commerciale ont un taux de croissance économique 1,5 à 4 fois plus élevé que ceux qui ont mené la stratégie inverse.



Dans notre pays, la montée des droits de douanes ne ferait que casser le pouvoir d'achat des français en augmentant durablement le prix des biens importés. Dans la majorité des cas, nous importons des biens que nous ne produisons plus en France, parce que nos industries n'étaient plus compétitives et la relocalisation de leur production aurait le même effet qu'un droit de douane: les prix augmenteraient.

Quand au gain pour les caisses publiques, il serait compensé par la perte de compétitivité des producteurs français et par les détournements de trafic liés à la diminution des exportations. Quand on impose des tarifs douaniers à des partenaires commerciaux, on sort de la clause de la nation la plus favorisée et on subit à notre tour une augmentation des droits de douanes sur nos exports. On y perd plus que l'on y gagne comme lors de la mise en place des tarifs Méline ou Hawley-Smoot.


Troisième idée reçue: la sortie de l'euro protégera la France d'un défaut sur sa dette souveraine

L'argument est évidemment faux. D'abord, la sortie de l'euro ne se fait que par la sortie de l'Union européenne. Sortir de l'Union, c'est accepter que nos agriculteurs ne reçoivent plus de subventions et sortent de la PAC mais c'est surtout sortir de la plus belle (et la plus efficace) construction politique du dernier siècle. Là aussi l'argument tombe en désuétude: le retour au franc de façon unilatérale pourrait entraîner une dégradation immédiate de la note française, une augmentation des taux d'intérêt sur la dette publique (et dont des impôts) et nous sucrerait la protection contre le risque de change. Ce dernier argument est le plus important: la France commerce essentiellement avec l'Europe; pour se prémunir d'une augmentation rapide du prix des produits libellés en euros, la France devrait ancrer sa monnaie sur une valeur fixe avec l'euro, ce qui revient à être membre de la zone euro. En cas de dépréciation immédiate du franc (sa détention en tant que monnaie de réserve n'intéresserait personne), les exportations seraient stimulés mais le prix des importations flamberait et contre-balancerait l'effet-prix des exportations (nos produits n'étant pas assez compétitifs de toute façon).

2 commentaires:

Hélène a dit…

Je m'apprête à assister à un meeting de (Jean)Marine Le pen ce dimanche et ces arguments me seront d'une grande utilité si elle accepte de s'entretenir qqs minutes avec moi...ce dont je doute Merci ;)

Anonyme a dit…

Alors, a-t-elle accepté de débattre avec vous?

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