Alors que les plans d’aide à la Grèce et à l’Irlande ont été accordés, le cours de l’euro continue à baisser sur le marché des changes. Beaucoup craignent la propagation des crises grecques et irlandaises à l’ensemble de l’Europe, accentuant la défiance envers la monnaie unique. Celle-ci continue de susciter les critiques de tous bords au point que certains proposent de sortir de la zone euro. Pourtant l’euro n’est pas responsable de la crise.
L’euro : un échec ?
L’euro avait pour but de doter l’Union européenne d’une monnaie commune permettant d’éviter les crises de changes et ainsi assurer la stabilité macroéconomique de l’Europe. Sa mise en oeuvre en 2002 constitue une étape essentielle de l’intégration politique du contient.
La crise actuelle semble remettre en cause la capacité de l’euro à stabiliser l’économie de la zone. Désormais, les taux d’intérêts divergent considérablement entre l’Allemagne (2,60 % d’un coté et la Grèce (11,60 %) et l’Irlande de l’autre, les taux d’inflation et de chômage diffèrent en raison d’écarts de productivité (1,1 % en Allemagne contre 4,5 % en Grèce) et le rattrapage économique des pays les plus pauvres de la zone semblent terminé. Surtout, l’euro empêcherait les Etats de dévaluer leurs monnaies pour retrouver leur compétitivité et serait la victime de la guerre des monnaies à laquelle se livrent les Etats-Unis et la Chine.
L’euro n’est pas responsable de la crise
L’éclatement de la zone euro ne changera rien à la crise. A l’origine, il y a d’abord la crise financière et l’absence de régulation et de contrôle des banques ; il y a aussi des politiques économiques insoutenables menées par des pays pourtant érigés en modèles lors de la dernière décennie. Ainsi le modèle de développement irlandais fondé sur le dumping fiscal n’était pas soutenable tout comme le modèle espagnol fondé, entre autres, sur la construction et le boom du crédit immobilier. Quant à la Grèce te le Portugal, ils paient leur manque de compétitivité et, pour la Grèce, la falsification de ses comptes publics.
Les actuelles tensions sur le marché des changes et de la dette reflètent davantage les contradictions politiques de la zone euro que l’échec de la monnaie unique. Les Etats ont préféré des stratégies économiques de court terme, assises sur des bulles spéculatives et sans concertation avec leurs partenaires. L’Allemagne, première économie européenne, a ainsi choisi une stratégie non coopérative : en spécialisant son économie vers les excédents commerciaux au détriment de la demande intérieure, elle contribue à une concurrence exacerbée entre les pays européens et oblige les moins compétitifs d’entre eux à des choix économiques risqués et insoutenables.
La sortie de crise passe par davantage d’intégration européenne
La crise européenne souligne les limites de la gouvernance économique européenne : faute de politique économique commune et de budget commun, les critères de la dette publique et du déficit sont les seuls instruments, bien insuffisants, de coordination macroéconomique des pays européens. En l’absence de définition d’intérêts communs de l’Union, il est difficile aujourd’hui d’avoir confiance dans la monnaie unique.
La sortie de crise passe donc, non par l’éclatement de la zone euro, mais par une plus grande intégration économique européenne. Aujourd’hui côté à 1,30 $, la faiblesse de l’euro est toute relative. Sa diminution devrait même satisfaire les exportateurs. Sans la monnaie unique, les pays les plus affectés par la crise auraient déjà fait faillite. Ce n’est pas dans la fin de l’euro que se jouera la sortie de crise mais plutôt dans :
- La définition de politiques économiques communes et soutenables. Pour cela, les intérêts particuliers des pays membres doivent être dépassés au profit d’intérêts communs. L’Europe ne peut pas être une simple puissance exportatrice ou un paradis fiscal. Une réflexion doit être menée sur la notion d’économie équilibrée et de bien-être des citoyens.
- Le renforcement du budget de l’UE. Limité à 1 % du PIB de l’UE, le budget européen ne permet pas de faire face à des chocs économiques importants. La politique structurelle ne suffit plus à assurer un rattrapage économique des pays les moins développés. Une plus grande intégration budgétaire est donc nécessaire pour financer des politiques économiques communes ambitieuses et absorber les chocs économiques.
- La définition d’une politique de change de l’euro. L’ajustement des monnaies internationales (livre, dollar, yen) ne doit pas se faire au détriment de l’euro. Le cours de l’euro, tout comme la valeur des actifs, doivent figurer parmi les objectifs de la BCE, au même tire que la lutte contre l’inflation.
- La simplification du processus décisionnel de l’UE. Elle permettrait une prise de décision rapide et efficace que ne permet pas aujourd’hui la juxtaposition des multiples institutions que sont la commission, le conseil de l’UE, le conseil européen ou le Président du Conseil.
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