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"Un homme sérieux a peu d'idées. Un homme à idées n'est jamais sérieux" Paul Valéry


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Acheteur compulsif? La faute à votre nom!

mardi 25 janvier 2011


Vous êtes-vous déjà retrouvé dans une longue file d’attente, impatient d’être parmi les premiers à obtenir le premier Iphone, Ipad ou toute autre nouveauté technologique? Avez-vous déjà pré-commandé le dernier Medal of Honor, le nouveau Harry Potter ou le prochain Tim Harford? Etes-vous du genre à faire les soldes dès la première heure, carte de crédit prête à être dégainée dans votre poche arrière?

Si oui, je peux deviner la première lettre de votre nom de famille. Oui, votre nom de famille pourrait être la cause la plus déterminante pour exliquer ce comportement.

Surpris par les foules d'acheteurs qui se précipitent dans les magasins lorsqu'une nouveauté sort, deux chercheurs de l’Université de Chicago, Kurt A. Carlson et Jacqueline M. Conard, avancent que le nom, et plus précisément la première lettre de ce dernier, est un des déterminants de nos habitudes d’achat. Leur constats est simple: les Abbott, Buckley et Carleton sont froids dans leurs achats quand les Zimmerman, Xavier, Wilkens sont plus souvent des acheteurs compulsifs qui viendront allonger ces files.

Qu'en est-il des femmes mariées? Le nom de jeune fille semble déterminer le comportement, renvoyant ainsi au fait que l’origine de ce phénomène pourrait bien se situer dans l’enfance des sujets soumis à l’expérience. Le rapport à l'enfance est en fait ce qui donne toute crédibilité à l'étude.

Pour les auteurs, les enfants développent une attitude vis-à-vis du temps d’attente en fonction du traitement qu'ils reçoivent dans la salle de classe. Les élèves dont le nom est à la fin de la liste alphabétique sont ceux qui attendent le plus longtemps qu'on les appelle. C'est donc dans une tentative, inconsciente ou non, de compenser cette inégalité de traitement que les enfants dont le nom se trouve en fin d'alphabet tentent d'arriver les premiers lorsque le nom de famille n'est pas un facteur.

Ainsi, lors du lancement d’un nouveau produit "tendance" ou lors de soldes, ils vont effectuer leurs achats dès la sortie du produit ou dès le début des soldes. Parallèlement, ceux qui ont des noms de famille qui commencent par une lettre du début de l'alphabet sont tellement habitués à être premiers que l’opportunité d’acheter au début n’aura une importance que marginale.

Pensez à votre nom et à vos habitudes d’achat : votre cas confirme-t-il l’étude ou êtes-vous l’exception qui la remet en question? Laissez vos commentaires, votre observateur des idées sommera les résultats.

Investissez un euro pour sauver le monde

vendredi 21 janvier 2011






Il y a quelques années, alors que j'étais en séjour à Madagascar, je découvrais une magnifique invention largement diffusée par des associations humanitaires locales: une barre de chocolat renforcée en nutriments.

L'objectif est simple, il s'agit de permettre essentiellement à des enfants qui souffrent de malnutrition de résorber certaines carences en minéraux et en vitamines. Rappelons que la moitié de la population mondiale souffre d'un manque de micro-éléments essentiels comme le zinc ou la vitamine A. Conséquence drastique: le manque de micro-éléments entraîne des infections communes et facilement inévitables comme la diarrhée. On imagine facilement les conséquences économiques pour les populations: elles sont bien résumées par cette présentation d'Esther Duflo.


 
Le Copenhagen Consensus Center , un think tank danois, insiste sur le fait qu'un don d'un euro permet de fournir l'apport annuel nécessaire en zinc ou en vitamine A pour un enfant. Pour le think tank, le retour sur investissement est impressionnant: 10 euros investis dans le combat contre la malnutrition, c'est 170 euros de retours sur investissement.

Une organisation non-gouvernementale comme l'Unicef mise déjà sur ce créneau depuis de nombreuses années en achetant une pâte de noisette - du type Nutella mais plus nutritive - à une société française, Nutriset. Au Malawi, 95% des enfants ayant été nourris avec cette pâte ont résorbé leurs carences nutritives. En 2005, 60 000 enfants nigeriens frôlant la mort de faim ont pu bénéficier du traitement. 97% ont survécu. C'est à ce moment que la pâte de noisette est devenue le produit phare de l'Unicef pour lutter contre la malnutrition infantile.

Les grandes organisations internationales investissent aujourd'hui massivement dans l'achat et la distribution de produits nutritifs. La Banque Mondiale propose de multiplier par 20 les ressources accordées à des programmes du type de celui de l'Unicef. Et pour cause, la malnutrition tue plus que la tuberculose, le sida et la malaria réunis.

Votre humble serviteur vous propose donc d'investir quelques euros dans des activités et des recherches qui pourraient sauver le monde et de continuer dans la redistribution mondiale de l'espoir.

7 milliards en 2011

jeudi 13 janvier 2011
C’est une des raisons d’être optimiste en 2011 : la population mondiale va encore passer un cap. Le phénomène est si banal qu’il attire peu de commentaires. Nous avons passé les 6 milliards très récemment au début des années 2000. Mais au regard ne serait-ce du siècle écoulé, l'avancée est impressionnante: il y avait par exemple 1,5 milliard d’humains en 1900 et 3 milliards en 1960. Il est évident aujourd'hui que le progrès technologique – la médecine en premier lieu – n’a cessé d’améliorer les conditions de vie humaines.

L'impact du progrès technique sur l'accroissement démographique n’a pas toujours été évident. Le célèbre économiste Thomas Malthus prévoyait en 1798 que la population mondiale n’augmenterait que de façon arithmétique – 10, 20, 30, 40, 50, 60 – au lieu d’augmenter de façon géométrique – 5, 10, 20, 40, 80, 160 – en raison des limites de l’innovation humaine. Son résultat n’était pas dramatique, les populations ne décidant pas de s’entretuer pour les dernières ressources, mais l’autocontrôle des naissances limiterait l’expansion de la démographie humaine.

Malthus avait tort. Michael Kremer a montré que le progrès technologique augmente de façon géométrique et s’accélère même dans le temps. Ainsi, entre 1920 et 1960, la population et la richesse mondiale ont doublé ; de même entre 1800 et 1920 et de même entre 1500 et 1800. Entre 2000 et 2010, la population mondiale a augmenté d’1 milliard d’habitants, soit en valeur absolue, plus qu’entre l’an zéro et 1800.

Il y a des raisons d’espérer un monde meilleur dans les années à venir comme le souligne Tim Harford : plus la population est grande, plus nous aurons de chances de trouver une solution au changement climatique. Pourquoi? Contrairement aux tenants de l'écologie fondamentale, Harford estime que plus nous sommes nombreux et plus nous sommes innovants. Soyons optimistes, 1 milliard d'humains en plus, c'est augmenter la probabilité d'avoir des chercheurs qualifiés pour trouver une solution au réchauffement climatique.

Comprendre la désaffection des salariés envers les 35 heures

mardi 11 janvier 2011


Dans la continuité du billet précédent.

Je finissais un précédent billet en disant que les 35 heures sont injustement la cible des critiques. Un simple retour à l’économie classique doit convaincre les adversaires des 35 heures que celles-ci n’expliquent pas les problèmes des bas salaires et du chômage en France. Toutefois, alors que les 35 heures apparaissaient comme un progrès social et la mesure emblématique du Gouvernement Jospin, l’échec de ce dernier lors des élections présidentielles de 2002 doit conduire à réfléchir à la désaffection des salariés envers elles. Cette désaffection vient en fait moins de l’existence des 35 heures elle-même que de leurs modalités d’application.

Tout d’abord, si les 35 heures ont bien été créatrices d’emplois, les embauches n’ont pas été à la hauteur de la réduction du temps de travail. Ainsi la population active n’a-t-elle pas augmenté de 10 % (c’est-à-dire dans les mêmes proportions que la réduction du temps de travail) après la mise en œuvre des lois Aubry.

Faute d’embauches suffisantes pour compenser la réduction du temps de travail, de nombreux services, notamment publics, ont été désorganisés. Alors que l’activité s’accroît, le personnel des entreprises et des services publics n’est plus assez nombreux pour qu’ils puissent fonctionner efficacement. Cela engendre alors une dégradation des conditions de travail, un important stress au travail et par conséquent une désaffection des salariés pour une mesure dont ils ne perçoivent plus ni le sens ni les bienfaits.

Surtout, personne ne dispose véritablement de la faculté d’utiliser librement ses RTT. On se retrouve donc dans une situation étrange dans laquelle les salariés travaillent bien davantage que 35 heures, bénéficient de RTT, mais ne parviennent pas à prendre les jours de congés auxquels ils ont droit. Ils les épargnent donc sur des comptes- épargne- temps et les perdent passé un certain délai. Ainsi, pour de nombreux salariés les 35 heures restent purement virtuelles.

En outre, les modalités d’application des 35 heures sont la source d’injustice quotidienne dans les services dans lesquelles elles s’appliquent. Si tous bénéficient de RTT, tout le monde n’est pas libre de choisir ses jours de repos et ceux-ci sont souvent imposés aux salariés. Beaucoup se retrouvent ainsi avec des jours de congés imposés et non choisis. La solution réside-t-elle dans la suppression des 35 heures ? On peut plutôt penser que la liberté de chacun de choisir ses jours de repos devrait être garantie. C’est alors cette protection qu’il conviendrait d’inscrire dans le code du travail.

On pourrait aussi ajouter qu’une frange importante de la population n’a pas bénéficié des 35 heures. Les professeurs par exemple ont conservé le même rythme de travail de 18 heures d’enseignement par semaine pour un professeur certifié, auxquels s’ajoutent de nombreuses heures de réunions, de préparations et de corrections. Non concernés par la réforme des 35 heures, les professeurs ont continué à travailler comme avant, alors même que les conditions d’enseignement ne cessent de se dégrader. Ils n’ont pas non plus bénéficié d’augmentation de salaires en compensation (remise en cause du principe des 10 mois de salaires répartis sur 12 mois), ce qui aurait été légitime. Ainsi s’explique peut-être le fait qu’ils se soient massivement abstenus le 21 avril 2002.

Loin d’être la cause de tous les problèmes de la France, les 35 heures constituent un progrès social qui devait permettre à chacun de choisir son rythme de travail donc de vie. Or les modalités d’application de la réduction du temps de travail et le fait que cette réduction ne soit pas universelle ont conduit à des injustices et des inégalités qu’il conviendrait de corriger. Plus que la remise en cause des 35 heures, c’est plutôt leur universalisation et leur réelle et juste mise en œuvre que la gauche devrait proposer.

La vidéo du lundi: 20 000 milliards de dollars

lundi 10 janvier 2011
J'ai eu l'occasion de rencontrer récemment Edouard Tétreau, l'auteur de 20000 milliards de dollars. Voici la présentation de son livre


Idées reçues sur les 35H (2/2)

vendredi 7 janvier 2011


Dans la continuité du billet précédent.

Les 35 heures ont renchéri le coût du travail en France

Argument souvent utilisé par la droite, il est tout simplement faux. S’il est exact de dire que la réduction du temps de travail de quatre heures à salaire constant renchérit mécaniquement le coût du travail de 10 % environ, cet effet a été compensé par des réductions de charges sociales de même ampleur. Ainsi le coût du travail est-il resté globalement inchangé pour les entreprises. Il est vrai que la prise en charge partielle des allègements de charge sociales par l’Etat se traduit par un choc budgétaire (accroissement du déficit public). Toutefois, celui-ci est compensé par les créations d’emplois permises par les 35 heures, lesquelles accroissent les recettes de l’Etat.

On peut plutôt penser que c’est l’extension des allègements de charges sociales à tous les salariés, quels que soient leurs temps de travail, initiée par la loi Fillon de 2003, qui a contribué à augmenter le coût relatif d’un salarié travaillant 35 heures par rapport à un autre travaillant 39 heures. En effet, le coût total supporté par l’entreprise est le même, alors qu’il était moins élevé avant 2003 pour les salariés travaillant 35 heures en raison des allègements de charges sociales accordés. Par ailleurs, en étendant les allègements de charges sans contrepartie des entreprises en termes d’embauche, les assouplissements de 2003 n’ont fait que creuser davantage les déficits publics.

La stagnation du pouvoir d’achat est directement liée aux 35 heures

Les salariés auraient échangé une stagnation de leurs salaires contre une augmentation de leurs loisirs et de leurs temps de repos. Les 35 heures ayant en outre renchéri le coût du travail, les entreprises ne seraient plus capables de payer davantage les salariés.

L’idée reçu réside ici dans le fait de croire que le salaire dépend du temps de travail. En réalité, la théorie économique est claire : le salaire ne dépend pas du temps consacré au travail mais de la seule productivité du salarié. La malhonnêteté du slogan « travailler plus pour gagner plus » apparaît ainsi distinctement : c’est en étant plus productif qu’on gagne davantage, non en travaillant plus longtemps. La preuve en est qu’une augmentation de salaire liée à une augmentation de la durée du travail augmente certes le salaire total mais non le salaire horaire. De plus, la théorie économique la plus classique affirmant que la productivité marginale est décroissante, toute augmentation du temps de travail s’accompagne d’une baisse de la productivité du salarié, si bien que la production d’une entreprise finit par stagner. Une entreprise ou une collectivité n’a pas nécessairement intérêt à voir ses salariés travailler plus longtemps puisqu’il en résulte une diminution de la productivité globale.

Aussi ne s’agit-il pas, pour augmenter les salaires, d’augmenter la durée du travail mais d’augmenter la productivité des salariés en France. Pour cela, il existe bien sûr la formation –initiale et continue- mais aussi les investissements des entreprises, lesquels peuvent accroître la productivité de leurs salariés. C’est peut-être dans le déficit d’investissement des entreprises et dans les failles du système de formation qu’il convient de chercher l’origine de la stagnation des salaires. Celle-ci peut aussi être expliquée par la croissance des inégalités salariales, la forte hausse des très hauts revenus masquant la stagnation des revenus intermédiaires.

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Idées reçues sur les 35H (1/2)

jeudi 6 janvier 2011


Les récents propos de Manuel Valls sur les 35 heures remettent sur le devant de la scène une des mesures phares de la gauche et du Gouvernement Jospin en particulier. Critiquées pour leur inefficacité en matière de création d’emplois, le renchérissement du coût du travail qu’elles induiraient et la stagnation du pouvoir d’achat des salariés qu’elles provoqueraient, les 35 heures constituent la cible privilégiée du parti majoritaire au pouvoir, à tel point que toute leur politique économique depuis 2002 semble viser leur suppression.

Il est plus étonnant d’entendre un responsable de gauche critiquer cette mesure qui fait désormais partie des acquis sociaux des salariés. Toutefois, la désaffection des Français pour les 35 heures semble réelle. Au-delà du clivage gauche- droite et du nécessaire débat d’idées, il convient d’analyser si les 35 heures sont bien responsables des difficultés économiques et sociales de la France. En répondant aux idées reçues sur les 35 heures, il sera facile de comprendre que la désaffection des Français pour ce progrès social a moins pour cause l’existence- même des 35 heures que leurs modalités d’application.

Les 35 heures n’ont pas créé d’emplois

Cet argument est invalidé par les faits. L’INSEE et la DARES évaluent le nombre d’emplois créés par les 35 heures à 350 000, ce qui est loin d’être négligeable. Peut-être peut-on considérer que l’objectif des 700 000 emplois n’a pas été atteint, mais contester les chiffres de l’INSEE et de la DARES revient à douter de toute chose, notamment des statistiques et alors de la science économique elle-même.

Comme toute mesure de politique économique, ses effets sont limités dans le temps. La mise en oeuvre des 35 heures n’empêche donc pas de trouver d’autres solutions par la suite pour réduire le chômage alors que la population française n’a cessé de croître.

Les salariés français travaillent moins qu’ailleurs

Selon cet argument, c’est ce différentiel d’heures travaillées qui expliquerait la stagnation économique de la France. Cet argument est faux puisque la France se situe dans la moyenne européenne s’agissant du temps de travail (1650 heures par an environ). Celui-ci pourrait même être accru si le chômage baissait en France. C’est aussi oublié que la France reste l’un des pays ou l’heure travaillée est la plus productive au monde : il est donc tout à fait légitime pour un pays d’échanger sa forte productivité contre du temps de repos ou de loisirs. Il est vrai que la diminution du chômage pourrait réduire la productivité horaire moyenne des salariés en France, si l’on considère que les chômeurs sont souvent les personnes les moins qualifiées. Toutefois, des actions de formation en leur faveur permettraient de compenser cet effet.

Par ailleurs, une durée légale du travail de 35 heures ne signifie pas un temps de travail maximum de 35 heures. En France comme ailleurs en Europe, la durée maximale du travail est de 48 heures par semaine. Les 35 heures constituent uniquement le seuil au-delà duquel se déclenchent les heures supplémentaires, lesquelles sont majorées pour le salarié. Encore cette majoration a-t-elle été remise en cause de 2002 à 2007 : comment alors inciter un salarié à travailler davantage si les heures supplémentaires ne rapportent pas plus que les heures normales ?

Enfin, on peut se demander si la concentration des critiques sur les seules lois de réduction du temps de travail ne suffit pas à douter de la pertinence de ces critiques. En effet, pourquoi ne s’en prendre qu’aux lois Aubry et non pas aux lois sur les 39 heures (1982), aux 40 heures (1936) ou encore à la semaine de huit heures (semaine de six jours en 1919) ? Pourquoi les 39 heures seraient davantage acceptables que les 35 heures ? Lorsque la durée légale du temps de travail était de 39 heures en France, de nombreux pays travaillaient davantage sans que les 39 heures ne soient la cible de critiques acharnées, et de nombreux pays travaillaient déjà moins sans que les lois de ces pays ne soient considérés comme antiéconomiques et les travailleurs comme des fainéants.

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La redistribution de l'espoir au niveau mondial

mercredi 5 janvier 2011






L'enquête récente menée par BVA/Gallup sur le moral des individus au niveau mondial montre que les Français - mais plus généralement les pays développés - ont la sinistrose quand les habitants des pays émergents se déclarent confiants dans l'avenir.

A première vue, ce résultat peut paraître surprenant. Nous bénéficions d'un niveau de vie évidemment beaucoup plus élevé que les populations du Nigéria et nous sommes pourtant moins optimistes. Mais contrairement aux pays en plein développement, nous n'appercevons plus les notions d'espoir et de changement qui sont les moteurs de l'optimisme.

L'Occident a peut-être pourtant été le segment le plus optimiste du monde. De la découverte du Nouveau monde par Colomb et Vespucci au traité utopique de Thomas More en 1516, du siècle des Lumières aux écrits sur le progrès d'Auguste Comte, de la révolution industrielle à l'avènement de la démocratie, le monde occidental a semblé être le plus proche du bonheur et le grand porteur d'espoir quand l'Inde et la Russie pérennisaient un système de castes ou de servitude. Mais l'histoire récente n'est pas non plus teintée de pessimisme. Aux Etats-Unis, les mouvements des Civil Rights ont permis d'assurer à des générations entières de vivre mieux que leurs parents. En Europe, les nationalismes ont été en grande partie étouffés et l'Etat-Providence a permis de sécuriser bon nombre de citoyens.

Ce qui a peut-être changé depuis la crise économique de 2007, c'est que pour la première fois depuis 400 ans, l'Occident est bousculé sur plusieurs secteurs économiques et politiques par les pays émergents. L'Europe en particulier devra devenir une économie beaucoup plus agile et innovante pour maintenir son rang dans le grand jeu économique mondial. A l'inverse, certains pays émergents vont devoir faire face à une crise démographique, aux limites environnementales de leur développement et peut-être au début du chômage s'ils n'arrivent pas à équilibrer leur croissance et à assurer un accès au savoir pour tous. En dépit des remous actuels, le monde vit probablement sa plus grande période de gloire: jamais le bien-être physique, le niveau de vie, l'accès à l'information et la protection des libertés n'ont été aussi élevés. Et peut-être pour la première fois, l'espoir est-il enfin redistribué plus également entre les "possédants" et la "masse" d'individus.

Pourquoi les entreprises existent-elles?

mardi 4 janvier 2011
Cet article reprend essentiellement un article de Schumpeter dans The Economist.

C'est une des grandes questions de l'économie: pourquoi existe-t-il des formes organisationnelles (des entreprises) qui échangent sur les marchés? Pourquoi le marché en lui seul ne suffit pas?

L'entreprise est souvent vue comme une boîte noire par les économistes. En se posant la question de l'organisation de l'entreprise, Ronald Coase a révélé qu'il existe des coûts de transaction qui empêchent le recours permanent au marché. Une entreprise est donc un modèle d'organisation qui permet de transformer une multitude de contrats de court terme en contrats de long terme. L'entreprise réduit les coûts de transaction - les coûts de recherche d'une prestation, de contractualisation, de négociation et de respect du contrat. Il semble en effet logique d'employer des salariés sur le long-terme (plutôt que d'avoir un recours ponctuel au marché) car ils gagnent en expérience et de les former pour que leur capital humain ne se dégrade pas.

Mais si les entreprises sont si efficientes, pourquoi un marché réunissant de multiples entreprises existe-t-il? L'entreprise en elle-même connait des coûts de transaction qui peuvent limiter son efficience et donc sa croissance. L'entreprise de la taille du marché (l'économie planifiée en un sens) manque de compétitivité. Entreprise et marché ont donc chacun leurs coûts de transaction.

Dans la lignée des théories de Coase, les théories de la ressource ("Resource-based view") pensent que la réalisation de tâches au sein des entreprises ne vient pas uniquement des faiblesses du marché mais également des forces de l'entreprise. Les entreprises ont en effet accès à des nombreuses ressources telles que la culture d'entreprise ou la connaissance collective. Surtout l'entreprise peut, par l'innovation, redéfinir le marché lui-même. Une vision qui malgré son évidence semble toujours innovante tant la vision autocentrée des forces de marché est importante dans les courants économiques modernes.

Halim Madi à TEDx

lundi 3 janvier 2011
La vidéo de ce lundi est la présentation d'Halim Madi à TEDx. Faites attention, il pourrait vous convaincre que les réseaux sociaux (v)ont changé l'approche des sciences économiques. En cliquant ici, vous pouvez retrouver tous les articles d'Halim sur la Nanoéconomie.