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"Un homme sérieux a peu d'idées. Un homme à idées n'est jamais sérieux" Paul Valéry


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Comment faciliter l'accès à l'eau potable dans les pays en développement?

mardi 22 mars 2011



C'est aujourd'hui la journée mondiale de l'eau et pour fêter cela Arte diffusera ce soir à 20h30 un reportage intitulé "Les marchands de l'eau" sur la gestion de l'eau en France. Il semble que le film diffusé ce soir soit mieux connu sous le nom de "Water makes money", reportage déjà diffusé en salles de cinéma et qui a entraîné une vive polémique chez les spécialistes. Un résumé intéressant de différentes études sur le prix de l'eau peut être trouvé sur le site d'Arte.

Au-delà du cas français, il convient de rappeler qu'un milliard de personnes n'a pas accès à l'eau potable et que trois milliards ont des difficultés d'accès à l'eau potable. Depuis le début de l'année, plus de 400 000 enfants sont morts faute d'accès à l'eau potable. Les estimations des Nations Unies sont frappantes: il faut 14 à 30 milliards d'euros par an pour fournir de l'eau potable à ceux qui n'en ont pas. Le marché des changes représente 4000 milliards d'échanges journaliers. Une taxe sur ce type de transactions d'un niveau "neutre" de 0,01% permettrait de lever 146 milliards d'euros par an et donc de fournir non seulement l'eau potable quasi-immédiatement mais également de construire les réseaux nécessaires à l'acheminement futur de l'eau, système qui pourrait par la suite être exploité par des entreprises privées dès que la demande sera solvable. Le régime transitoire pourrait confier le produit de la taxe aux Nations Unies. Pour être incitatif, un tel système pourrait reposer sur une réduction (voire la suppression compte tenu des montants en jeu) de la contribution aux Nations Unies des pays qui l'appliqueraient (je m'inspire d'une suggestion de Patrick Weil sur un sujet connexe).

Pour information, la carte de la FAO sur la pénurie d'eau (la pénurie est associée au jaune et l'abondance au bleu). A noter, le manque d'eau en Chine et en Inde associé à leur développement rapide pourrait accélérer la prise de conscience.


Quel peut être l'impact du séisme japonais sur l'économie mondiale?

mercredi 16 mars 2011
Avec 5000 milliards de dollars de PIB, le Japon est la troisième économie mondiale et représente à lui seul 5% des échanges internationaux. Alors que le prix du pétrole s'approche d'un baril pour 150 dollars et que les dettes des pays européens subissent des primes de risque importantes, le séisme et le tsunami viennent d'accroître les secousses sur les places financières internationales. Le Nikkei a ainsi perdu 20% de sa valeur en quelques jours. La Banque centrale du Japon a réagi par un assouplissement monétaire important afin d'éviter tout phénomène de panique.

Outre les infrastructures japonaises qui sont complètement dévastées dans le nord du pays. La capacité de production d'électricité du pays a diminué de 40% et la destruction des infrastructures de transport ralentissent la production de l'ensemble de l'économie. Des délocalisations sont à anticiper car l'économie japonaise aura du mal à retrouver son niveau de production d'électricité pré-catastrophe. Toutefois, signe rassurant pour l'économie nippone, les préfectures les plus touchées ne représentent que 7% du PIB japonais. Les dommages devraient quant à eux plafonner à 3% du PIB national et avoir un impact direct sur la situation des finances publiques japonaises qui sont déjà très dégradées.

L'impact sur l'économie mondiale est incertain mais des tensions sur le prix du pétrole vont continuer à pénaliser les coûts de production des entreprises tandis que les anticipations des marchés semblent être durablement négatives. A moyen terme, ces effets sont à contrebalancer avec les gains de la reconstruction des zones sinistrées et un possible retour du Japon aux premiers plans de la scène économique mondiale comme il a su le faire après la Seconde Guerre mondiale.

Google peut prévoir l'inflation

lundi 14 mars 2011






Un des outils Google les plus utiles est sans doute Google trends. C’est une application sur Internet qui permet à chacun de tracer un graphique représentant l’évolution des recherches Google pour un mot donné. Ainsi pour comprendre comment évoluera l’inflation, il suffit de regarder l’évolution du nombre de recherches de l’expression « pas cher ». Si de plus en plus de français recherchent l’expression « pas cher », c’est sans doute parce qu’ils trouvent « chers » les produits qui les entourent.

 


Ce que les gens cherchent reflète leurs désirs et leurs craintes, Google a une idée assez précise des tendances à venir. Mais puisque l’outil est entre vos mains aussi, vous pouvez maintenant vous aussi devenir un économiste...

L'écart salarial entre hommes et femmes

mardi 8 mars 2011




J'avais déjà évoqué à plusieurs reprises sur ce même blog le coût de naître femme, le rapport des femmes au bonheur, les discriminations éthiques et sexuelles dont elles pouvaient être victimes. La journée des femmes est le moment de relancer le débat: pourquoi les femmes sont-elles meilleures à l'école mais sous représentées dans les postes à fortes responsabilités et surtout moins bien payées (environ 20% en France) à poste égal?

J'évoquais dans un précédent billet l'importance de la génétique:

"Ichino et Moretti (2009) démontrent à partir d’une étude sur les salariés d’une entreprise que l’absentéisme résultant des désagréments liés aux cycles menstruels explique 14% des différences salariales entre hommes et femmes. L’absentéisme régulier lié aux règles (...) des femmes de moins de 45 ans constitue un « signal » négatif qui les pénaliserait dans l’ensemble de leur carrière. Elles ont effectivement un moindre accès aux promotions managériales internes du fait même de cet absentéisme régulier alors qu’il n’affecte pas pour autant leur productivité globale."

L'absentéisme des femmes, lié aux tâches ménagères qu'elles acceptent (car leur mari gagne plus) ou qu'on leur impose (car leur mari ne fait rien), n'affecte en rien leur productivité mais leur donne une mauvaise image, celle de ne pas être totalement disponible pour leur employeur. Le temps contraint des femmes lorsqu'elles ont des enfants est un frein à leur carrière et in fine à leur liberté dans la mesure où elles souhaitent mettre en avant cette carrière professionnelle. Les études récentes, si elles confirment le moindre appétit des femmes pour les matières techniques et souvent plus rémunératrices, renforcent en tout cas l'idée que le temps de la famille et le temps de la réussite personnelle doivent être mieux aménagés:

"Une partie des inégalités salariales est justifiée par les différences de durée de paie entre les genres - les femmes connaissent des ruptures de leur activité salariale plus régulières que les hommes, notamment du fait de la maternité – mais également par des choix de scolarité moins rémunérateurs. (...) il y a une réalité sociologique évidente : les femmes prennent plus de congés que les hommes pour assurer des tâches familiales quotidiennes (s’occuper des enfants malades par exemple) et les écarts de salaires sont persistants en contrôlant pour les diplômes et les spécialisations (Goldin et Katz, 2009)"

Bertrand a par la suite rejoint Goldin et Katz pour produire une étude plus détaillée sur les notes de MBA des femmes avec ou sans enfants et sur la suite de leur carrière. L'interruption de carrière pour une maternité peut sceller le sort des femmes en cassant leur valeur sur le marché du travail de près de 40% selon Bertrand et ses collègues. Une femme éduquée qui n'est pas dans le besoin peut donc être incitée à quitter le marché du travail.

Je pense que le sort des femmes sur le marché du travail est lié à deux choses: l'amélioration de l'adéquation entre temps contraint et temps du travail et la discrimination positive à l'égard des femmes dans les mécanismes de promotion interne dans les conseils d'administration ou dans les postes de cadre dirigeant. Mais pour que cela marche, il faut évidemment qu'il y ait consensus sociétal pour soutenir la démarche. A défaut d'une réglementation, les incitations financières peuvent être justifiées. Je reprenais dans mon post l'année dernière une des conclusions d'Ichino et Moretti (2009):

"Le débat sur l’égalité salariale devrait donc aborder les questions suivantes : doit-on subventionner les femmes de moins de 45 ans ou avantager les femmes de plus de 45 ans dans les nominations et les promotions professionnelles?"

Michael Porter: partager de la valeur

lundi 7 mars 2011
Michael Porter présente le concept de "valeur partagée" qui va plus loin que celui de "responsabilité sociale" qui allait déjà plus loin que celui de "parties prenantes" qui allait à son tour déjà plus loin que celui d'"actionnaires".


Injuste Solidarité envers les Fortunés (ISF)?

jeudi 3 mars 2011
Le bouclier fiscal est un mécanisme qui permet à un contribuable de ne pas payer un impôt supérieur à 50% de ses revenus. Il coûte 700 millions d’euros en 2009. L’Impôt sur la fortune est un impôt qui frappe le patrimoine des français si celui-ci est supérieur à 790 000. Il rapporte 3,5 milliards d’euros en 2009. Le gouvernement projette de supprimer les deux dispositifs. La gauche s’y oppose car les caisses sont vides. Voici le débat imaginaire que l'on pourrait avoir entre deux économistes: un de droite, un de gauche.


L'économiste de droite

Nous sommes un des pays de l’OCDE qui a le niveau de prélèvements obligatoires le plus élevé (ils représentent 50% du PIB français). Nous asphyxions le dynamisme de notre économie et de nos entreprises si nous continuons de la sorte. Nous sommes le dernier pays d’Europe à avoir un impôt du type ISF qui ponctionne essentiellement les jeunes entrepreneurs à succès !

A peine 1% des foyers fiscaux paie l’ISF et le rendement de cet impôt n’est pas extraordinaire: c’est l’impôt qui coûte le plus cher à collecter. Par contre, il ponctionne nos investissements et il stigmatise l’enrichissement. Aujourd’hui, 2 redevables de l’ISF quittent la France chaque jour ! Nous perdons nos talents car ils paient trop d’impôts et préfèrent donc investir dans un autre pays!

Plusieurs études sur le sujet montrent qu’on aurait plus de rentrées fiscales si l’ISF disparaissait. Ainsi, l'Institut Montaigne proposait de supprimer l'ISF pour faire payer les riches. Quand il nous rapporte 4 milliards d'euros, il nous fait perdre 15 milliards en TVA car il empute la consommation des plus aisés. Pour Artus, l'ISF coûte deux fois plus qu'il ne rapporte. Le gain net de sa suppression au final, dans des estimations prudentes, pourrait être de 2 milliards d'euros. C'est un impôt distorsif au plus haut point.


L'économiste de gauche


Les redevables de l’ISF paient en moyenne moins de 6000 euros d’impôts sur la fortune. 6000 euros quand on a au moins 800,000 euros de patrimoine, excusez-moi mais c’est bien peu. Par ailleurs, sont exonérés d’impôts sur la fortune les 18 000 ménages qui bénéficient du bouclier fiscal et qui ont tous un patrimoine supérieur à 7 millions d’euros. Quant à son rendement, 3,5 milliards par an, c’est énorme! En situation de crise, on ne peut se permettre de renoncer à cet argent qui par ailleurs est payé par les plus aisés. Remplacer l'ISF par une tranche supplémentaire de l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) peut même s'avérer catastrophique: l'IRPP rapporte grosso modo 50 milliards d'euros chaque année, pour retrouver la recette de l'ISF il faudrait soit augmenter de 10% l'IRPP pour chaque redevable, soit augmenter de 10 points la tranche supérieure de l'IRPP.

Et vous oubliez que les français sont majoritairement pour un impôt qui vient frapper le patrimoine. Peut-on alléger les droits de succession et l'impôt sur la fortune quand on demande à une grande partie des français de renoncer à une retraite complète?

L’ISF n’empêche pas l’enrichissement, nous sommes le troisième contributeur au monde au stock de milliardaires, devant l’Allemagne qui n’a pas d’ISF. Les gens que vous défendez me font penser au personnage de Christian Clavier dans la Soif de l’Or, dont l’avidité le pousse à courser un billet de 500 f alors qu’il est lui-même multimillionnaire.