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Ce que la France et l'Allemagne peuvent s'apprendre en matière de politique industrielle

samedi 30 juin 2012

Alors que la France a perdu 2 millions d'emplois dans le secteur industriel depuis 30 ans et qu'elle a perdu des parts de marché en Europe et dans le monde, d'aucuns estiment que le sursaut de l'économie française passe par l'imitation pure et simple du modèle allemand. Est-ce l'unique alternative ? Si le coût du travail en France a bien dépassé celui de l'Allemagne, il convient de garder en tête que le succès de l'Allemagne repose sur sa compétitivité hors-prix. Alors que certaines propositions émises pour restaurer la compétitivité française doivent être écartées (TVA sociale, dévaluation), c'est le modèle allemand qui devrait en fait évoluer en raison de ses effets pervers pour l'économie européenne et les Allemands eux-mêmes.

Il convient toute d'abord de rappeler que la compétitivité d'un pays ne s'analyse pas seulement par ses performances en matière d'exportation. Un pays peut être compétitif avec un faible excédent commercial - voire un déficit - parce que la demande intérieure y est dynamique et que les biens produits localement sont consommés sur le marché national. Ainsi la supériorité du commerce allemand ne préjuge-t-elle pas de sa compétitivité relative par rapport à la France. L'excédent commercial allemand s'explique notamment par la structure démographique d'un pays qui, vieillissant, consomme moins et importe moins que la France dont la demande intérieure reste plus dynamique.

Reste que la France connaît depuis dix ans une dégradation sensible de sa position à l'exportation alors que l'Allemagne a maintenu voire augmenté ses parts de marché. Cet écart de performance est d'autant plus préoccupant que les deux pays ont des économies similaires. Ils appartiennent à la même zone économique et monétaire, sont confrontés aux mêmes chocs économiques et disposent d'une spécialisation industrielle identique orientées sur des biens de forte valeur ajoutée. Certes, l'Allemagne exporte sur davantage de marchés que la France, mais le différentiel commercial ne s'explique pas par les prix des produits français par rapport à ceux pratiqués par notre partenaire allemand.