logo

"Un homme sérieux a peu d'idées. Un homme à idées n'est jamais sérieux" Paul Valéry


blog médias Tribunes Donation etc.

Négociations climatiques: un sujet chaud! (2/2)

mardi 20 novembre 2012



La réussite du sommet de Doha sera évaluer au regard de sa capacité à apporter des réponses à ces quatre sujets chauds:
            - renforcer les objectifs de réduction des émissions;
            - rendre opérationnel les engagements passés par la mise en place d'un fonds pour le climat;
            - organiser la deuxième phase du protocole de Kyoto;
            - préparer l’accord climatique international de 2020.
           
Au-delà des déclarations de principe, la conférence de Doha devra permettre de résoudre des « détails techniques » afin de rendre opérationnel des engagements passés. Il en va ainsi de la crédibilité de ces sommets internationaux sur l'environnement.

Ainsi, le fonds vert pour le climat prévu à Durban en 2011 doit permettre d’accompagner les pays en développement vers des économies moins polluantes. Cependant, à l’heure actuelle, les sources de financement de ce fonds restent encore à déterminer. Un groupe d’expert lancé par Ban Ki-Moon travaille sur la question afin de lever 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, un effort financier énorme au regard de l’effort actuel de la communauté internationale - environ 16 milliards selon le World Resources Institute.

Les dispositifs d’aide à destination des pays les plus vulnérables au risque climatique, en particulier les petits Etats insulaires, doivent se développer et trouver un cadre institutionnel mieux défini. Le système des mécanismes de développement propre, permettant aux industriels de compenser leurs émissions de carbone en développant des projets jugés propres dans des pays en développement ayant ratifié Kyoto, s’est pérennisé mais ne concerne à l’heure actuelle que quelques pays africains. Permettre à ces pays d’avoir accès à des énergies sobre en carbone est l’un des enjeux de Doha.

Dans la même lignée, afin de favoriser les transferts internationaux de technologie, un centre international des technologies du climat devrait voir le jour. La conférence de Doha devra permettre de régler ces éléments « techniques » afin de créer un cadre clair au prochain régime climatique mondial. 

Le protocole de Kyoto prend fin le 31 décembre 2012, la 18ème conférence sur le climat organisée à Doha doit déboucher sur l’ouverture de la 2ème phase du protocole de Kyoto. Le protocole de Kyoto ratifié en 1997 est le premier accord international officiellement contraignant visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les pays industriels ayant ratifiés Kyoto s’engageaient alors à réduire de 5,2% leurs émissions entre 2008 et 2012 par rapport à leur niveau de 1990. Le protocole de Kyoto est très largement remis en cause par un certains nombres de pays industriels tels que l’Australie, le Canada ou encore les Etats-Unis qui contestent le principe de la responsabilité historique différenciée. Ainsi, la deuxième phase d’engagement du protocole de Kyoto se fera sans le Canada, le Japon et la Russie, sans parler de l’Australie et la Nouvelle-Zélande qui hésitent encore. L’Union Européenne s’apprête donc à être le seul émetteur majeur à se soumettre au protocole. L’Union Européenne souhaite rapprocher Kyoto II du paquet climat-énergie, fixant des objectifs climatiques européens pour la période 2013-2020, et souhaite également élargir les activités polluantes concernées par les négociations climatiques telles que l’agriculture et les transports.

La conférence de Doha devra se prononcer sur 3 points:
- la durée de la prochaine phase: 5 ans ou 8 ans;
- les objectifs contraignants de réduction des pays concernés: effort de réduction d’émissions de gaz à effet de serre de 20% et/ou cible conditionnelle d’une baisse de 30%;
- les pénalités qui détermineront la crédibilité du protocole à condition qu'elles soient mises en oeuvre, crédibles et respectées. 

Le prochain sommet de Doha qui devra préfigurer le futur accord international sur le climat. Cependant nous pouvons regretter qu'un certain nombre de questions sortent des négociations. Comme l’ouvrage publié par le collectif ATTAC, La nature n’a pas de prix (2012) l’évoque, les orientations de politiques climatiques prises au niveau international mène de plus en plus à coupler les processus écologiques et la finance de marché. Le protocole de Kyoto, par exemple, a abouti dans le cadre européen à la constitution d’un marché des droits à polluer (marché carbone européen: Emission Trading System). Ces orientations ont été prises dans les années 1990, une période que l’on peut qualifier d’euphorie financière, avant les grandes crises financières asiatiques, l’éclatement de la bulle internet, ou de la bulle immobilière, et bien avant aussi la crise financière de grande ampleur que nous connaissons aujourd'hui. Les instabilités financières contemporaines doivent nous inviter à réfléchir quant aux conditions de développement de la finance-carbone et à sa capacité à réduire les émissions globales de gaz à effet de serre. Nous ne devons pas négliger le risque de la spéculation environnementale permis par la financiarisation des politiques climatiques.

Les diplomaties des pays participants aux sommets environnementaux doivent également éviter le piège du « carbocentrisme ». Une problématique importante directement liée aux questions climatiques et énergétiques est celle également de l’épuisement des ressources minières. Le charbon, le fer, le gaz, le pétrole, l’uranium, sont des ressources épuisables. La question du nucléaire devra également être abordée. Il est également intéressant de constater à quel point la question des modes de vie et de la consommation est absente de la réflexion sur le climat. Pouvons-nous continuer à nous réunir au plus haut niveau de gouvernance sans jamais remettre en cause nos modes de vie?

Négociations climatiques: un sujet chaud! (1/2)

lundi 19 novembre 2012


Le Qatar préside la prochaine conférence des Nations Unies sur le climat en décembre 2012. Organiser ce type de conférence dans un pays membre de l’OPEP peut apparaître paradoxal à première vue, tant les problématiques environnementales semblent être le cadet des soucis des pays producteurs de pétrole. Le Qatar, qui accueillera en 2022 la coupe du monde de football (lance la construction de stades climatisés sur-consommateurs d’énergies) est le pays au monde qui émet le plus de gaz à effet de serre (GES) par habitant, chaque année, chaque qatari émet plus de 40 tonnes de CO2. Au-delà de ce paradoxe, mais qui marquera peut-être l’engagement des pays de l’OPEP vers la sobriété énergétique (sic), le sommet de Doha intervient à un moment crucial pour l’avenir des négociations climatiques internationales.

Renforcer les objectifs de réduction des émissions de GES est une nécessité pour empêcher une augmentation de la température mondiale moyenne de 2°C. La démonstration scientifique de la responsabilité humaine (et industrielle) du changement climatique n’est aujourd'hui plus à faire et, comme le souligne Nicholas Sterndans un ouvrage co-publié avec Roger Guesnerie, ne rien changer au niveau actuel des émissions de GES augmente fortement la probabilité que surviennent des évènements jugés catastrophiques. La communauté scientifique s’accorde aujourd'hui sur le fait que les dommages issus du changement climatique s’intensifieront à mesure que le monde se réchauffe. Si il est toujours difficile d’anticiper l’avenir, nous pouvons entendre que la fonte des glaces, que la montée du niveau de la mer, la multiplication des tempêtes, des crues, des inondations risquent de rendre vulnérable une grande partie de la population mondiale.  Il est urgent d’inverser la tendance concernant l’augmentation des émissions. Le défi préconisé par le rapport Stern est de réaliser des réductions de 25% au minimum par rapport au niveau actuel. Ce défi est particulièrement coûteux, mais peut être atteint à condition que la communauté internationale décide de consacrer au minimum 1% du PIB mondial d’ici 2050.

Une entente de principe sur un accord climatique mondial à l’horizon 2020 a été obtenue lors de la conférence de Durban, Doha doit permettre de définir les contours de cet accord. Les incertitudes subsistent quant au degré de contraintes du futur régime climatique mondial. Celui-ci aura-t-il une valeur juridique? Tout l’enjeu est là. La Chine, l’Inde et les Etats-Unis ont pour la première fois accepté l’idée d’un accord mondial imposant des objectifs de baisse des GES. L’analyse du jeu géopolitique reflète encore la difficulté à concilier les intérêts nationaux et la protection d’un bien commun mondial. Les pays en développement, l'Inde en particulier, font valoir que cet accord de long terme devra respecter le « principe des responsabilités communes mais différenciées ». Les Etats-Unis défendent au contraire une posture inverse: il n’y a pas de différences entre les nations. De plus, les américains sont réticents envers des objectifs de réduction précis des émissions. Cette réticence s’explique notamment par la persistance d’une opinion publique américaine fortement climato-sceptique

Suite au sommet de Durban en 2011, l’Inde se positionne comme un acteur clé des futures négociations climatiques. L’Inde émet aujourd'hui 5% des émissions mondiales de GES mais ses émissions ont été multipliées par 3 entre 1990 et 2004. Sa position visant à défendre le droit à polluer des pays en développement est largement justifiée: un Indien émet 17 fois moins de CO2 qu'un Américain. Son rôle central vient de sa position géographique: 60 millions d'Indiens sont directement touchés par l'eustatisme, c'est-à-dire la montée du niveau de la mer d'ici à 2025. A court terme toutefois, l'objectif premier du gouvernement est la lutte contre la pauvreté: malgré un taux de croissance annuel du PIB d’environ 8%, elle compte 800 millions de personnes vivant avec moins de 2$/jour dont 220 millions souffrant de sous-nutrition.

Les négociations climatiques ne peuvent négliger les questions de développement humain. Le dilemme des négociations climatiques et des discussions autour du principe de « responsabilité commune mais différenciée » est qu'il faut tenir compte du passé sans négliger pour autant l’avenir. En effet, si les gros émetteurs du passé (et du présent) sont bien l’Europe et les Etats-Unis, le poids de plus en plus important de la Chine et l’Inde (les gros émetteurs de GES  du futur) dans le bilan carbone mondiale doit être intégré dans les négociations climatiques.

La conférence de Doha va préfigurer l’accord climatique mondial au moins à trois niveaux:
            - des objectifs de réduction d’émissions ambitieux d’ici 2015
            - intégrer l’idée d’équité des efforts nationaux
            - concilier politiques climatiques et lutte contre la pauvreté.

Catalogues de Noël et discriminations envers les femmes

vendredi 16 novembre 2012




L'idée que la socialisation genrée est l'une des causes des inégalités homme/femme est désormais intégrée dans la prise en compte des discriminations. En effet, les sociologues ont démontré que, dans les différentes institutions comme la famille ou l'école, les enfants effectuent un apprentissage des normes et des valeurs en vigueur dans la société différent selon leur sexe. Cette socialisation genrée entraîne des blocages pour les filles qui, à terme, même si des progrès ont été observés dans le domaine, sont sous-représentées dans les filières scientifiques les plus valorisées ou tentent moins de concours que les garçons. Globalement, les femmes s'orientent vers les métiers du "care" (santé, social, éducation) mais dans le même temps elles se ferment les portes des secteurs d'activité offrant les emplois les mieux rémunérés. La socialisation genrée est à l'origine d'une violence symbolique menant les femmes à intérioriser et à naturaliser "la domination masculine". 


Soulignée sur internet par de nombreux blog, notamment le plafond de verre, Super U prend note de l'importance de ne pas limiter les jeux possibles des petites filles et des petits garçons. On y voit ainsi dans le catalogue de Noël des petites filles jouer avec une grue ou des petites voitures et des petits garçons s'amuser avec des poupées ou jouer à la dînette. On observe que le code couleur bleu/rose est moins marqué dans le catalogue de Super U que dans celui de ses concurrents. 


Ce catalogue ne va pas réduire à lui seul les écarts de salaire par exemple, mais montre que les mœurs évoluent et que notre société va probablement vers une meilleure prise en compte des différences qu'elles intègrent souvent elle-même par son fonctionnement. On notera également la stratégie de différenciation de Super U par rapport aux autres distributeurs: en étant "progressiste" la marque de distribution fait parler d'elle. Un joli coup de com'.
 

Le rapport Gallois et la compétitivité française (2/2)

mercredi 14 novembre 2012


Après avoir indiqué dans le précédent article pourquoi on pouvait juger pertinentes les propositions du Gouvernement Ayrault, l'habileté du Gouvernement ne doit pas occulter de légitimes critiques.

Compétitivité-prix vs compétitivité hors-prix

La principale critique que l'on peut adresser au rapport Gallois et au Gouvernement est de faire reposer la compétitivité essentiellement sur les prix. Or la compétitivité hors-prix constitue un puissant déterminant de la performance des entreprises: le déficit de compétitivité avec l'Allemagne repose en fait sur la compétitivité hors-prix c'est-à-dire la conception, la qualité et les services liés aux produits. On attend encore les mesures du Gouvernement pour augmenter les dépenses de recherche (le crédit impôt-recherche devrait certes augmenter en 2013) ou aider les PME. La réduction des charges de 20 milliards d'euros soit 1 % du PIB ne suffira jamais à égaler les prix chinois ou indiens. On peut donc interpréter le crédit d'impôt du Gouvernement comme un beau cadeau fiscal fait aux entreprises pour un effet très limité sur leur compétitivité.

Les ménages seront encore et toujours mis à contribution

Par ailleurs, les ménages paieront pour cette diminution d'impôt sur les entreprises, soit avec la hausse de la TVA (6,5 milliards d'euros), soit en raison des diminutions annoncées des dépenses de l'Etat (10 milliards d'euros supplémentaires en 2014). Or les ménages seront déjà affectés par des hausses d'impôts en 2013 et la réduction des dépenses de l'Etat. Surtout, si les mesures envisagées ont pour but de lutter contre la crise, il convient de rappeler que les ménages ne peuvent pas en être tenus pour responsables, contrairement aux banques et aux acteurs financiers dont l'incompétence a conduit l'économie mondiale au bord du précipice. Non seulement, les ménages sont les principales victimes du ralentissement de l'activité économique et de l'augmentation du chômage, mais en plus ils sont mis à contribution pour résoudre une crise dont ils ne sont pas coupables...

Une stratégie non-coopérative avec les partenaires européens

En outre, une diminution des charges des entreprises françaises peut s'analyser comme une dévaluation monétaire. Dans un contexte de monnaie unique, le prix des produits français serait allégé de 20 milliards d'euros par rapport à celui de ses partenaires. Le problème est qu'une telle politique économique constitue un acte non- coopératif vis-à-vis des partenaires européens. En baissant ses coûts de façon unilatérale, la France se lance dans une stratégie de dumping fiscal que ses partenaires de la zone euro devront imiter s'ils souhaitent rester compétitif vis-à-vis de la France. Au lieu de considérer les pays de la zone euro comme des partenaires, la France les transforme en concurrent. Elle initie donc une véritable course à la réduction des coûts de production en Europe. Notons que si tous les pays de la zone euro agissent de la même manière que la France, le bénéfice attendu sera réduit à néant pour tous.

Les procès en incompétence intenté au Gouvernement socialiste l'a conduit à donner des gages aux libéraux

Pour conclure, on peut peut-être saluer l'habilité politique du Gouvernement mais aussi regretter sa conversion à la seule logique de la compétitivité-prix. L'exploitation immédiate du rapport Gallois a bien fait taire l'opposition de la droite et de la presse. Reste que par ces mesures, le Gouvernement semble avoir surtout voulu donner des gages aux libéraux, à la droite et aux patrons. Il faut dire que dès son élection, un procès en incompétence économique a été organisé contre le Gouvernement, comme si la gauche ne savait pas restaurer la croissance et la stabilité économique... Une telle idée prête naturellement à rire alors que le bilan de la gauche en matière de croissance économique et de réduction des déficits de 1997 à 2002 n'est plus à démontrer. Malheureusement une telle campagne de désinformation a conduit le Gouvernement à rechercher avant tout à rassurer les milieux économiques au lieu de proposer les réformes structurelles dont la France a vraiment besoin.



aleks.stakhanov@gmail.com

Le rapport Gallois et la compétitivité française (1/2)

mardi 13 novembre 2012



Critiqué tant pour son incapacité à contrôler son Gouvernement et sa majorité que pour son inaptitude à relancer l'économie, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé mardi 6 novembre dernier 35 mesures pour restaurer la compétitivité française. Non seulement il a fait sien le diagnostic du rapport Gallois, mais en plus il a immédiatement présenté les mesures concrètes qu'il comptait mettre en œuvre, alors que l'ensemble de la presse et l'opposition pronostiquaient un abandon pur et simple du rapport. Si la patronne du Medef estime avoir été entendue, une partie de la gauche critique la politique d'austérité du Gouvernement: en augmentant les impôts des ménages via la TVA, Jean-Marc Ayrault prendrait des mesures que la droite n'aurait pas désavouées et copierait la TVA sociale de Nicolas Sarkozy. Si l'habileté politique du Gouvernement peut être saluée, les mesures du Gouvernement suscitent également des critiques légitimes.

Un crédit d'impôt original

Principale annonce du Gouvernement, la baisse de 20 milliards d'euros de charges pour les entreprises vise à restaurer la compétitivité- prix des entreprises. En payant moins d'impôts, les entreprises pourront vendre moins cher leurs produits et ainsi être plus concurrentielles, sauf si elles préfèrent utiliser cette diminution d'impôts pour accroître leurs profits et les dividendes non réinvestis.

L'originalité de la mesure du Gouvernement réside surtout dans sa forme: un crédit-d'impôt. Alors que le droite et le Medef souhaitaient une diminution immédiate des charges sociales, avec pour risque une aggravation du déficit de la sécurité sociale, la proposition du Gouvernement permet de lier cette diminution de charges à la masse salariale et à l'emploi. Les entreprises auront donc intérêt à conserver leurs salariés, et même à augmenter leur nombre si elles veulent profiter encore davantage de ces réductions de charges. Une limite cependant: le crédit d'impôt s'annulera à 2,5 SMIC, au risque de conduire les entreprises à maintenir les salaires en-dessous de ce seuil. Un crédit d'impôt dégressif aurait été plus efficace mais pourrait coûter au final davantage que les 20 milliards d'euros que le Gouvernement a proposé. Reste que les emplois rémunérés au-dessus de ce seuil sont les plus qualifiés et les plus productifs: la demande des entreprises pour de tels emplois est moins corrélée à leurs prix, si bien que l'effet de seuil ne devrait pas avoir de conséquence trop importante.

La hausse de la TVA proposée par le Gouvernement est plus juste que la TVA sociale

Afin de financer une partie des diminutions d'impôt pour les entreprises, le Gouvernement a décidé d'augmenter la TVA. A une droite qui y voit un retour à la TVA sociale et souligne par la même occasion l'hypocrisie de la campagne socialiste s'opposent les critiques d'une partie de la gauche qui dénoncent la baisse du pouvoir d'achat des ménages. En passant à 20 % pour le taux normal de TVA (au lieu des 19,6 %) et à 10 % pour le taux moyen (au lieu de 7 %), le Gouvernement escompte 6,5 milliards d'euros de recettes supplémentaires. Il est exact que cette hausse de la TVA sera supportée par les ménages. Néanmoins, elle apparaît plus juste que la TVA sociale de Nicolas Sakozy (taux normal relevé de 1,6 point à 21,2 %), parce qu'elle sera compensée par une diminution de la TVA à prix réduit: appliquée aux produits alimentaires et de première nécessité, celle-ci passera de 5,5 % à 5 %. Un tel taux réduit est d'autant plus favorable aux ménages les plus modestes que leur structure de consommation est avant tout composée de biens de consommation courants, alors que des ménages plus aisés consomment davantage de biens à 7 % (restauration) et à 19,6 %.

Surtout, cette hausse de la TVA ne peut être comparée à la précédente TVA sociale: cette dernière visait à financer la protection sociale alors que cette question ne figure pas parmi les objectifs du Gouvernement. L'augmentation n'est donc pas de même nature.

Une partie de la gauche considère toujours que cette hausse de la TVA réduira la consommation des ménages. Ainsi les prix dans la restauration et dans les travaux aux particuliers, principaux secteurs aujourd'hui à 7 %, devraient effectivement augmenter. Toutefois, la baisse de la TVA dans la restauration de 19,6 % à 7 % avait été vertement critiquée par la gauche, compte tenu de son coût pour les finances publiques (3 milliards d'euros) et de l'insuffisance de contre-parties en matière d'emplois et de salaires. Il pourra alors sembler paradoxal que les mêmes qui s'opposaient à la baisse de la TVA dans la restauration critiquent maintenant sa légère augmentation. Quant à ceux qui souhaiteraient conserver un taux de TVA à 7 %, on pourra leur rétorquer que la hausse de 3 points reste modérée et que ce nouveau taux reste très en retrait de l'ancien taux de 19,6 %.

La mise en œuvre prévue en 2014 permettra de prendre en compte la conjoncture économique

La report à 2014 de la mise en mise en œuvre effective du crédit d'impôt et de la hausse de la TVA apparaît encore astucieux. En effet, tout en permettant aux entreprises de prendre en compte cette baisse dans leurs projets d'investissement, le Gouvernement ne leur rétrocédera le crédit d'impôt que l'année suivante. Ainsi le Gouvernement pourra-t-il se laisser encore du temps pour réfléchir aux modalités de financement de cette baisse de charges par de nouvelles recettes (taxe écologique) et la diminution des dépenses publiques. Par ailleurs, le Gouvernement pourra s'assurer que les entreprises respectent bien l'esprit de la mesure, c'est-à-dire conservent et créent des emplois. En outre, le Gouvernement pourra aussi analyser la conjoncture et modifier, si besoin, ses propositions. Un tel changement serait cependant contraire à l'objectif de stabilité et de prévisibilité des mesures économiques à destination des entreprises.

aleks.stakhanov@gmail.com