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Le rapport Gallois et la compétitivité française (2/2)

mercredi 14 novembre 2012


Après avoir indiqué dans le précédent article pourquoi on pouvait juger pertinentes les propositions du Gouvernement Ayrault, l'habileté du Gouvernement ne doit pas occulter de légitimes critiques.

Compétitivité-prix vs compétitivité hors-prix

La principale critique que l'on peut adresser au rapport Gallois et au Gouvernement est de faire reposer la compétitivité essentiellement sur les prix. Or la compétitivité hors-prix constitue un puissant déterminant de la performance des entreprises: le déficit de compétitivité avec l'Allemagne repose en fait sur la compétitivité hors-prix c'est-à-dire la conception, la qualité et les services liés aux produits. On attend encore les mesures du Gouvernement pour augmenter les dépenses de recherche (le crédit impôt-recherche devrait certes augmenter en 2013) ou aider les PME. La réduction des charges de 20 milliards d'euros soit 1 % du PIB ne suffira jamais à égaler les prix chinois ou indiens. On peut donc interpréter le crédit d'impôt du Gouvernement comme un beau cadeau fiscal fait aux entreprises pour un effet très limité sur leur compétitivité.

Les ménages seront encore et toujours mis à contribution

Par ailleurs, les ménages paieront pour cette diminution d'impôt sur les entreprises, soit avec la hausse de la TVA (6,5 milliards d'euros), soit en raison des diminutions annoncées des dépenses de l'Etat (10 milliards d'euros supplémentaires en 2014). Or les ménages seront déjà affectés par des hausses d'impôts en 2013 et la réduction des dépenses de l'Etat. Surtout, si les mesures envisagées ont pour but de lutter contre la crise, il convient de rappeler que les ménages ne peuvent pas en être tenus pour responsables, contrairement aux banques et aux acteurs financiers dont l'incompétence a conduit l'économie mondiale au bord du précipice. Non seulement, les ménages sont les principales victimes du ralentissement de l'activité économique et de l'augmentation du chômage, mais en plus ils sont mis à contribution pour résoudre une crise dont ils ne sont pas coupables...

Une stratégie non-coopérative avec les partenaires européens

En outre, une diminution des charges des entreprises françaises peut s'analyser comme une dévaluation monétaire. Dans un contexte de monnaie unique, le prix des produits français serait allégé de 20 milliards d'euros par rapport à celui de ses partenaires. Le problème est qu'une telle politique économique constitue un acte non- coopératif vis-à-vis des partenaires européens. En baissant ses coûts de façon unilatérale, la France se lance dans une stratégie de dumping fiscal que ses partenaires de la zone euro devront imiter s'ils souhaitent rester compétitif vis-à-vis de la France. Au lieu de considérer les pays de la zone euro comme des partenaires, la France les transforme en concurrent. Elle initie donc une véritable course à la réduction des coûts de production en Europe. Notons que si tous les pays de la zone euro agissent de la même manière que la France, le bénéfice attendu sera réduit à néant pour tous.

Les procès en incompétence intenté au Gouvernement socialiste l'a conduit à donner des gages aux libéraux

Pour conclure, on peut peut-être saluer l'habilité politique du Gouvernement mais aussi regretter sa conversion à la seule logique de la compétitivité-prix. L'exploitation immédiate du rapport Gallois a bien fait taire l'opposition de la droite et de la presse. Reste que par ces mesures, le Gouvernement semble avoir surtout voulu donner des gages aux libéraux, à la droite et aux patrons. Il faut dire que dès son élection, un procès en incompétence économique a été organisé contre le Gouvernement, comme si la gauche ne savait pas restaurer la croissance et la stabilité économique... Une telle idée prête naturellement à rire alors que le bilan de la gauche en matière de croissance économique et de réduction des déficits de 1997 à 2002 n'est plus à démontrer. Malheureusement une telle campagne de désinformation a conduit le Gouvernement à rechercher avant tout à rassurer les milieux économiques au lieu de proposer les réformes structurelles dont la France a vraiment besoin.



aleks.stakhanov@gmail.com

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