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Taxis contre VTC

mercredi 16 octobre 2013

Cela semble logique à tous: quand la population augmente, la demande de transports augmente et l'offre doit suivre. Le développement des lignes de bus, de métro, des trains, des vélos et autos en libre-service et la diminution des temps d'attente dans les transports vont dans ce sens. Pourtant, il existe un moyen de transport dont l'offre diminue à travers le temps : les taxis. De 25 000 taxis à Paris en 1925, nous sommes passés à 15 000 aujourd'hui ; cinq fois moins qu'à Londres qui comprend 10% d'habitants de plus et quatre fois moins qu'à New York qui comprend deux fois plus d'habitants. Cette insuffisance du nombre de taxis crée des temps d'attente démesurés, particulièrement le week-end. Quand un client n'a qu'à lever la main à Londres ou à New York pour attraper un taxi, il faut souvent attendre plusieurs dizaines de minutes à Paris pour en trouver un. 

Déjà très protecteur pour le statut du taxi, le gouvernement va créer un délit de racolage pour les voitures de tourisme avec chauffeur (VTC).

Depuis quelques années, une offre alternative à celle des taxis a été développée: les moto-taxis et les véhicules de tourisme avec chauffeurs (VTC). Ces derniers sont à l'origine d'une polémique: par une simple application téléphonique, il est possible d'en commander un. Le prix de la course est généralement un peu plus élevé que celle d'un taxi traditionnel mais leur disponibilité est plus grande. En principe, les VTC n'ont pas le droit de charger dans la rue ou à la sortie des aéroports. Suite à une décision du gouvernement, les VTC devront également attendre quinze minutes avant de pouvoir charger un client, ce qui casse un de leurs avantages concurrentiels, les VTC chargeant - comme les taxis traditionnels - généralement moins de dix minutes après la commande. La décision du gouvernement a été très critiquée par un de mes potes, Nicolas Colin, qui souligne le rôle négatif des lobbys du taxi et le manque de soutien à l'innovation de la France. 

J'adhère à la vision de Nicolas, notamment sur l'analyse du discours anti-innovation des taxis et des politiques, mais je me permets de rappeler quelques freins bien réels à l'ouverture du marché des taxis, et cela en dépit des mauvaises expériences que chacun peut avoir avec les taxis parisiens ("je rentre chez moi", "je vais pas en banlieue", "je vais pas là-bas car je rentre à vide", "c'est pas assez loin", etc.). Les taxis payent généralement leur "plaque", c'est-à-dire leur droit d'exercer, 150 000 à 400 000 euros selon les villes. La vente de la licence de taxi constitue la retraite du taxi, comme un commerçant revendrait son fonds de commerce. Si l'état des finances publiques n'était pas si catastrophique, la solution serait simple : on rachète les licences des 15 000 taxis parisiens (car le problème est essentiellement parisien à mon avis) en échange de l'ouverture du marché à la concurrence. Mieux encore, une idée avancée par Alain Trannoy est de donner gratuitement à chaque taxi une deuxième licence qu'il peut revendre: on augmente l'offre et on permet à chaque taxi de gagner - sans frais pour le contribuable - environ deux fois le prix de sa licence, en échange de quoi on ouvre le marché à la concurrence. 

La solution qui s'imposerait aujourd'hui serait d'augmenter l'offre de taxis au moment où la demande est la plus forte, les vendredis et samedis soir: les VTC devraient donc être soulagés du délai d'attente de quinze minutes au moins ces deux soirs de la semaine, voire le week-end complet. La règle en vigueur, qui permet aux taxis de banlieue de venir charger à Paris le week-end, ne suffit pas à satisfaire la demande. En échange, les taxis garderaient au moins temporairement le business juteux des courses conventionnées par la caisse primaire d'assurance maladie et des chargements à l'aéroport et aux gares. Enfin, la possibilité pour les VTC de contractualiser avec des entreprises comme elles le font avec certaines compagnies de taxis doit être sauvegardée. Ce qui est sûr c'est qu'on ne peut pas limiter continuellement l'offre de taxis pour leur bien car preuve en est, les consommateurs préfèrent payer un peu plus et attendre moins longtemps. 

2 commentaires:

Taxi moto paris a dit…

merci bien pour cet article

BILS a dit…

Uber a su s'adapter avec le marché, les taxis devraient en faire de même.

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