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La démocratie française en cause

samedi 8 décembre 2012



La comédie de Boulevard affligeante à laquelle ont participé les dirigeants d’un des plus grand parti français, qui au passage auront réussi à évincer médiatiquement la mobilisation de Notre Dame des Landes ou encore le sommet de Doha sur le réchauffement climatique, nous laisse penser en tant que spectateur de l’arène politique que les raisons de cette scène de ménage dépassent l’enjeu de la seule présidence d’un parti politique. De nombreuses affaires montrent que, de droite comme de gauche, les hommes et femmes politiques sont exposés aux situations de conflit d’intérêt, à la pression des lobbys, aux tentations de montages financiers et fiscaux exotiques.

En politique, les individus seraient-ils d’avantage motivés par la recherche d’intérêts personnels plutôt que par la défense de l’intérêt général ? Les Français pensent que oui. Une récente enquête sur la perception de la corruption en France en 2012 montre que 70% des français considèrent que leurs représentants politiques sont corrompus. D'après Transparency International, la France se situerait ainsi au 22ème rang mondial et au 9ème rang européen des pays les moins corrompus aux yeux de l’opinion publique.

La politique française fait face à une sérieuse crise de confiance mettant en péril le bon fonctionnement de la démocratie. Derrière cette crise de confiance se cachent probablement une crise de la démocratie représentative. Les dernières élections législatives de juin 2012 ont donné lieu à un taux d’abstention record. 40% des électeurs français n’ont pas pris part à cette élection qui n’est pourtant pas mineure étant donné qu'elle consiste à élire ceux qui votent les lois en France. A mesure que l’abstention monte, la légitimité électorale de nos représentants politiques baisse, bien que leurs pouvoirs restent le même. Le sentiment de coupure avec la classe politique ne cesse de monter.

On observe une chute de l’engagement politique et syndical. Moins de 2% des électeurs adhérent à un parti, de même seulement 8% de la population active est syndiqué. Les dysfonctionnements de la démocratie représentative s’illustrent aussi à travers la composition extrêmement homogène de « l’élite politique ». En effet, aujourd'hui, nous comptons en France seulement 27% de femmes parmi nos députés, moins de 1% d’élus issus des catégories populaires (employés et ouvriers). La moyenne d’âge des députés français est de 55 ans quand celle des sénateurs reste supérieure à 60 ans. Les personnes issues de l’immigration sont également très mal représentées.

Pour Loïc Blondiaux, chercheur en sciences politiques à Paris I et auteur notamment de « La fabrique de l’opinion » et d’un ouvrage intitulé « Lenouvel esprit de la démocratie », nous assistons aujourd'hui à la fin de « l’évidence démocratique », à la fin de l’illusion représentative où le vote à intervalle régulier pour des représentants suffirait à garantir lesprincipes de la démocratie

Une commission sur la moralisation de la vie politique présidée par Lionel Jospin a bien rendu un rapport au Président de la République en lien avec cette problématique mais celui-ci reste encore timide. Cette crise de confiance politique devrait au contraire nous inciter à mener une réflexion ambitieuse sur nos institutions politiques. Pour améliorer la vie politique, nous devons nous appuyer sur des modes d’organisations différents avec des instances plus participatives, nousinspirer d’expérience étrangère, démocratiser la représentation, et chercher à accroître les capacités réelles du citoyen à exercer et exprimer son propre jugement, à mettre en place les conditions d’une vrai délibération.

C’est à la condition d’une remise en cause de fond du fonctionnement politique que les français retrouveront goût à la politique.  

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