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Retraites: dernier round?

mercredi 20 octobre 2010

Il y a tout juste un mois, j’évoquais dans un post le problème des retraites. Je reviens cette fois sur une question connexe à celle de la réforme: l’égalité entre travailleurs et le rapport des français au travail.

L’égalité entre travailleurs et entre retraités est la base des mouvements sociaux. Le système des retraites à la française ne dépend pas seulement des années de cotisations (donc du montant effectivement cotisé) mais essentiellement des “salaires des meilleures années” pour le calcul du montant de la pension. Compte tenu des écarts salariaux entre cadres et ouvriers, et de la stabilité du salaire ouvrier au long d’une carrière, un cadre cotise moins longtemps car il entre plus tardivement sur le marché du travail mais le rapport entre niveau de retraites reproduit les écarts de salaire, ce qui est injuste compte tenu du fait qu’un ouvrier cotise plus longtemps en moyenne!

Le deuxième facteur d’inégalité est liée à la pénibilité du travail. Le gouvernement a allégé son dispositif de retraites pour les “carrières longues”. L’idée est noble: faire en sorte qu’un ouvrier qui ait dépassé ses 41,5 années requises de cotisation puisse bénéficier de ses années de retraite en bonne santé. Les cadres ont une espérance de vie de six ans plus élevée que les ouvriers et une espérance de vie en “bonne santé” de dix ans supérieure. Autrement dit, un ouvrier a une espérance de vie sans incapacités jusqu’à 67 ans en moyenne. Le faire travailler deux années de plus, c’est prendre deux ans de ses plus belles années.

Le dernier enjeu est le rapport des français au travail. Nombreux sont ceux qui s’estiment fatigués, démotivés ou aliénés par le travail. De nombreux travaux ont mis en perspectives le manque de confiance qui règne dans la société française. Yann Algan et Thomas Philippon évoquent la question depuis plusieurs années: la France perd en potentiel de croissance par le manque de confiance qui existe sur le marché du travail. Pour Algan, c’est potentiellement deux points de PIB qui sont perdus chaque année. Pour Philippon, c’est tout simplement une méfiance envers la réussite qui mine le modèle français. Le travail est surtout un environnement qui peut être abordé par la lunette sociologique avec Dominique Meda qui le qualifie de “fait social total” ou via l’œil du gestionnaire d’Iribarne qui montre que la logique de l’honneur peut être une plaie pour les grandes entreprises françaises.

Le dernier round de la réforme nous dira si le rapport au travail des français est amené à évoluer ou non dans les années 2010.

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