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Grèce dans la zone euro: son maintien exige un changement de mentalités des politiques

vendredi 11 novembre 2011
Sans changement d'idéologie politique de la part des gouvernements européens, la Grèce est inéluctablement condamnée à sortir de la zone euro. Plus la sortie sera retardée, plus elle sera douloureuse.

Nul ne doute que la situation grecque est problématique : la dégradation de la santé financière de la Grèce ne peut trouver de solutions que par une diminution des dépenses publiques et une augmentation des exportations. En effet, la diminution de l’activité et les plans d’austérité ont complètement déprimé la demande interne, réduisant également les recettes fiscales.

Il y a trois solutions possibles au problème grec:
  • soit on diminue les prix et les salaires brutalement de 30%,
  • soit on efface ou on crée un consortium de remboursement de la dette grecque, ce qui permet d’éviter l’austérité,
  • soit on fait sortir la Grèce de la zone euro pour que celle-ci puisse dévaluer sa monnaie et réduire son déficit commercial, la Grèce exportant essentiellement vers d’autres pays de la zone euro.
Les dévaluations internes ont rarement été des succès puisqu’elles consistent souvent à défendre l’indéfendable : il s'agit de réduire les salaires et les prix de façon brutale. Depuis son entrée dans la zone euro, la Grèce a bénéficié d’une croissance soutenue par les nouvelles capacités d’emprunts que lui offrait la monnaie unique et a connu une augmentation rapide de ses coûts et de ses prix qui ont convergé vers les pays du centre de la zone euro. Une dévaluation interne consisterait donc à réaligner les coûts et les prix de la Grèce vers leurs niveaux réels c'est-à-dire leur niveau si la Grèce n’avait pas été dans la zone euro.

Deux pays de la périphérie de la zone euro y ont pourtant eu recours. La Lettonie a mené dès 2009 une diminution des salaires et des prix, contractant ainsi son PIB de 20% et connaissant une envolée du taux de chômage à 20%. L’Irlande a contracté sa demande intérieure de 15% par des réductions de salaire tout en refusant d’augmenter ses taux extrêmement bas d’impositions sur les sociétés. Sa compétitivité a été rétablie par la chute des importations. Ces pays ont toutefois un sens politique qui les pousse à accepter la dévaluation interne plutôt que toute autre solution. Côté letton, la volonté d’entrer dans la zone euro réside dans la nécessité d’une protection contre l’ennemi russe. Côté irlandais, la méfiance envers une ingérence de l’Europe les incite à s’automutiler pour maintenir des taux d’imposition bas.

La Grèce est en revanche dans une situation différente. La défiance envers les politiques est plus forte. Les syndicats du secteur public ont un grand pouvoir de nuisance et de blocage et ont combattu la réforme par des grèves et des manifestations qui ont retardé la levée de l’impôt. La sortie retardée et impromptue de la Grèce pourrait avoir des conséquences plus dramatiques que sa sortie programmée après le vote du référendum du 4 décembre 2011. Le risque actuel est tout simplement de voir le pays basculer dans la guerre civile. Si l’objectif est de satisfaire les marchés financiers, on se demande alors quelle pourrait être la réaction des agences de notation et l’évolution de l’euro…

La situation idéale, qui est laissée de côté par l'Europe, est d'effacer la totalité de la dette grecque. Il faut que les mesures d'austérité puissent être prises sans la contrainte du remboursement des intérêts de la dette et que la dépense publique soit assez forte pour financer la relance économique. L'autre solution est de monétiser les dettes de la Grèce : en finançant directement la dette par la Banque centrale européenne, on évite tout risque de défaut. Ces deux solutions sont, pour le moment, écartées : la lecture de la crise consiste toujours pour les pays européens à un conte moralisateur dans lequel les États non respectueux de règles budgétaires et de bon sens doivent payer... au risque de faire sombrer la zone euro dans son ensemble.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

la crise est bien sur le fait de dérives financières spéculatives mais aussi de celles des gouvernants corrompus profiteurs qui parasitent autours des rouages de l’état avec leurs clientèles.peut on imaginer des ministres ,des députés rénumerés 8000 euros avec d’immenses avantages en natures demander sans honte aux travailleurs d'accepter des coupes sur leurs salaires.

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