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La fiscalité des hauts revenus: le cas des footballeurs

mercredi 15 février 2012







Les footballeurs sont parfois considérés par les supporters comme des mercenaires: Nicolas Anelka, aujourd'hui parti joué en Chine est l’exemple même du footballeur hyper mobile (il a joué au cours de sa carrière en Angleterre, en Espagne, en France, en Turquie et désormais en Chine et dans près d'une dizaine de clubs).

Le marché du travail pour un footballeur est de dimension mondiale. Les règles et les attentes professionnelles sont les mêmes dans tous les pays, et la maîtrise de la langue du pays n'est pas impérative pour jouer au football. Depuis l'arrêt Bosman en 1995, les clubs européens ne sont plus limités dans le recrutement de joueurs étrangers issus de l'Union Européenne ce qui facilite la mobilité des footballeurs en Europe.

Trois économistes Henrik Kleven, Camille Landais et Emmanuel Saez ont un papier sur le rapport entre la fiscalité et l'attractivité des championnats européens. Les footballeurs font figure ici de borne supérieure pour étudier l'influence des taux d'imposition sur la mobilité internationale des travailleurs à haut revenu. Ils en concluent à l'existence d'un lien mais beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît.

Il existe bien une corrélation entre la fiscalité et la performance sportive (mesurée ici par l'indice UEFA). Parmi les 5 championnats les plus prestigieux d'Europe (Angleterre, Italie, Espagne, Allemagne et France), ce sont les pays où la fiscalité est la moins élevée qui ont les meilleures performances dans les différentes compétitions européennes existantes.

En revanche, les footballeurs sont moins imposés en Suisse qu'en Allemagne mais leurs équipes sont moins efficaces au niveau européen que les équipes Allemandes. La fiscalité ne peut à elle seule expliquer l'attractivité d'un territoire, d'autres critères telles que l'histoire d'un championnat ou la ferveur des supporters sont à prendre en compte.

Certains pays ont choisi de mettre en place des politiques fiscales attrayantes pour attirer les meilleurs footballeurs. En Espagne par exemple, les footballeurs bénéficient d'un dispositif spécifique depuis 2004. La « loi Beckham » permet aux travailleurs étrangers installés depuis moins de 5 ans de bénéficier d'un taux d'imposition de 24% contre 56% pour les salaires de plus de 300 000 euros annuels.
 
On dit par exemple que Cristiano Ronaldo aurait quitté Manchester United pour rejoindre le Real Madrid en 2009 afin de bénéficier de ce régime, au moment même où l'Angleterre augmentait ses taux d'imposition sur les hauts revenus. De la même manière, on pourra comprendre le départ prochain du Barça d’Eric Abidal, par la fin de la période de 5 ans qui lui permettait de bénéficier d'une telle fiscalité.

Cependant, les auteurs de cette étude précisent que les régimes fiscaux préférentiels pour les footballeurs étrangers entraînent des « effets d'éviction ». L'arrivée de nouveaux joueurs talentueux évince les joueurs locaux et entraîne donc le départ de gros contribuables, réduisant en définitive « l'effet absolu » des baisses d'impôt sur les hauts revenus.

3 commentaires:

Vincent L. a dit…

La proposition de François Hollande de taxer la tranche des plus hauts revenus à 75% se justifie par des raisons de justice fiscale, de solidarité.
Cependant plusieurs questions se posent:
- n'y a-t-il pas un risque d'évasion fiscale?
Ce risque de voir les plus hauts revenus migrés vers des pays où la fiscalité est plus avantageuse existe, mais apparaît toutefois limité. Vivre en Suisse ou en Belgique va surement tenter quelques contribuables, mais leur nombre risque d'être assez réduit, du fait notamment des inconvénients qui accompagnent la mobilité.
- Le championnat de football de Ligue 1 ne risque-t-il pas t'en pâtir en terme de compétitivité, d'attractivité?
Clairement oui. La plupart des joueurs de football en France sera concernée. Seules des clubs comme le PSG a la capacité financière importante seront en mesure de compenser cette augmentation d'impôt.

-est-il possible de concilier justice fiscale et attractivité de la ligue 1?

Si l'on doit choisir , le bon sens voudrait qu'on dise tant pis pour la ligue 1. Cependant, si l'on souhaite préserver ce sport si populaire en France, malgré l'image parfois détérioré des footballeurs, une réflexion sur le statut fiscal des footballeurs doit-être envisagé...

Amoureux du beau foot a dit…

La france n'est pas attractive à cause de la forte imposition (et du niveau français), Hollande ne fait que continuer a tuer le football français.. même si on se demande s'il n'est pas déjà mort, QSI est la petite lueur d'espoir qu'il reste au foot français pour se relancer et attirer des joueurs, en espérant que cela face effet boule de neige.. Mais au vu des finances de Marseille (qui doit se séparer des gros salaire donc "grands" joueurs) et sans parler de Lyon qui se complique la vie et ses finances avec la construction de son nouveau stade, une non qualification en C1 (pardon ligue des champions)serait catastrophique pour le club... et signifierait le départ de nombreux joueurs (bastos, gourcuff...) ! Ce qui va rendre la L1 encore moins attractive !
On se retrouverait avec une homogénéité de niveau entre Lyon,Rennes,Lille,Montpellier... avec des joueurs moyens qui ne font rêver personne, les finances des clubs vont le ressentir avec un public moins nombreux et des ventes de maillots en baissent !

Triste foot français...

Vanessa a dit…

Je trouve que le fait d'imposer moins les plus performants est une forme d'incitation des joueurs à s'améliorer. Mais pour ce qui est des revenus, c'est assez injuste. En effet, il me semble que les joueurs les plus performants sont les mieux payés. Donc, ceux qui ont les plus gros revenus paient le moins d'impôts et les plus "pauvres" paient le plus d'impôts.

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