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Faut-il créer un marché de l’immigration ?

lundi 12 juillet 2010
Tous les ans, plus de 2 millions de personnes migrent d’un pays à un autre. Un tiers de ces migrations a lieu d’un pays en développement à un pays développé. A eux seuls, les Etats-Unis reçoivent près d’un million de migrants chaque année. La question de la gestion des flux pour les pays développés est une question sensible : les méthodes diffèrent (système de points ou appréciation globale), le type de migration également (regroupement familial ou travailleurs isolés) ; l’objectif est généralement le même, celui de sélectionner les migrants les plus compétitifs.

Pour mieux réguler le stock de migrants voulant entrer dans les pays du Nord, le prix Nobel Gary Becker a proposé une solution originale lors d’une conférence en juin dernier à l’Institut des affaires économiques de Londres. Sa solution est de fixer un « prix à l’entrée » sur le marché des migrations. Les bénéfices seraient doubles. Le mécanisme de sélection ne serait pas alterné puisque les migrants les plus motivés et les plus qualifiés seraient prêts à payer un prix d’entrée élevé pour obtenir un visa de travail dans le pays récipient. A un prix de 50.000 dollars le visa, seul les migrants les plus confiants, les plus innovants et les plus jeunes (pour rentabiliser le droit d’entrée) seraient enclins à entrer sur le territoire. A titre d’exemple, les ingénieurs chinois ou indiens qui ont migré aux Etats-Unis dans les années 1990 représentent à eux seuls 14% des brevets américains déclarés entre 2000 et 2004. Le pays récipient serait également gagnant car il pourrait ajuster son prix en fonction de ses besoins en capital humain et renflouerait ses caisses publiques. A 50.000 dollars le visa, le gouvernement fédéral américain gagnerait 50 milliards de dollars chaque année.

Il existe cependant plusieurs limites à une telle solution. D’abord, beaucoup d’articles scientifiques mettent en avant la nécessité de recourir à des migrants «en milieu de vie». Ceux-ci ont un salaire relativement élevé et cotisent plus pour la production de biens publics qu’ils n’en consomment. Par ailleurs, un migrant qui arrive à 40 ans dans un pays a plus de chance de retourner dans son pays d'origine lors de sa mise à la retraite.

Ensuite, la question des plus démunis pose problème. Les migrants talentueux qui n’ont pas les moyens d’acheter leur visa, souvent les plus jeunes, n’auraient pas la possibilité d’immigrer. Pour Becker, la solution serait un prêt, à l’image des prêts étudiants, accordé par le gouvernement ou par l’employeur. Les inconvénients seraient évidemment i) la disparition des rentrées budgétaires immédiates et ii) la discrimination dont seraient victimes les migrants les plus démunis : les employeurs préfèreront embaucher un travailleur ayant la nationalité du pays récipient plutôt qu’un immigré.

Enfin, que faisons-nous des externalités positives ou négatives liées à l’immigration ? L’allocation par le prix n’est efficace que lorsque la jouissance d’un bien revient à une unique personne, ce qui n’est évidemment pas le cas de l’immigration. Les scientifiques indiens ou chinois évoqués plus haut ou les sportifs naturalisés ont une externalité positive qui devrait leur rapporter un salaire supplémentaire. Un marché de l’immigration, aussi séduisant soit-il, n’est malheureusement pas la solution à une meilleure allocation et sélection des migrants.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

N'importe quoi!!! Jusqu'à où allons nous??? bientôt nous entendrons parler d'un marché légalisé de traite des êtres humains!!! C'est scandalisant!!

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