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Taxer la “junk-food” pour lutter contre l’obésité

vendredi 28 mai 2010
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’il y a aujourd’hui 300 millions d’obèses dans le monde, dont 150 millions en Europe. Le coût de l’obésité est chiffré de 2 à 7% du total des dépenses mondiales de santé. En Europe, l’obésité absorberait près de 1% du PIB.

En France, une étude menée par l’Institut de recherche et de documentation en économie médicale (2006) s’élève à environ 2 500 € par an, soit deux fois plus que celle d’un individu de poids normal (1 263 €). Du point de vue de l’Assurance maladie, l’étude indique que le surcoût d’un individu obèse par rapport à un individu de poids normal, toutes choses égales par ailleurs, est estimé à 407 € en moyenne et 631 € en moyenne en considérant en plus le montant des indemnités journalières . Les dépenses de santé liées à l’obésité atteignent 2,6 milliards d’euros chaque année en France. Elles ont doublé entre les années 1990 et 2000.

L’obésité a également un coût humain considérable. Elle est souvent le point de départ d’autres maladies – rhumatologie, hypertension, troubles cardiovasculaires, etc. – coûteuses dans leur traitement (18 millions de jours de maladies par an, 30 000 décès par an au Royaume-Uni). Le surcroît de mortalité lié à l’obésité et les conséquences – baisse de la production, des cotisations, etc. – pour le reste de la société sont chiffrés à 40 000 années de vie professionnelle perdues et une durée de vie raccourcie de neuf ans en moyenne selon l’office national d’audit britannique.

Depuis plusieurs années, les économistes se sont intéressés aux solutions permettant de limiter la croissance de l’obésité, qui touche trois fois plus les moins aisés, aussi bien pour des raisons économiques que sociologiques. En effet, les produits les plus caloriques ont connu une forte baisse de leurs prix (-40%) depuis les trente dernières années tandis que les attitudes physiques et les modes de consommation sont sociologiquement très « profilés ».

La solution naturelle est de taxer la « junk food » et les sodas sucrés (une boîte de cola contient 9 sucres). La consommation de calories a des effets très cumulatifs sur le poids : manger une barre de chocolat ou boire un soda en plus de notre consommation habituelle chaque jour peut amener à une prise de poids de 4kg en un an. La « junk food » est deux fois moins chère que les fruits et légumes et les tendances d’évolution des prix montrent que l’écart tend à se creuser. Consommer le même nombre de calories avec uniquement de la « junk food » ou uniquement des fruits et légumes, coûte du simple ou double.



Selon Pierre Dubois (2007), relever la taxe sur la « junk food » de 10 points entraînerait une réduction de 15% des ventes de ces produits. Malgré la baisse de pouvoir d’achat des plus pauvres, la surtaxe permettrait un changement des modes de consommation vers des produits moins caloriques mais pas forcément plus chers. Notamment parce que les agro-industriels abandonneraient progressivement la production de biens alimentaires trop caloriques. Peut-être que dans dix ans nous repenserons aux distributeurs de sodas avec amusement, comme nous repensons à l’époque où nous ne mettions pas de ceinture de sécurité dans les voitures ou encore à celle où nous fumions dans la majorité des lieux publics fermés.

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4 commentaires:

Thomas a dit…

Pas sûr qu'une taxe de ce genre produise bien l'objectif souhaité. Elle pourrait même contribuer à augmenter l'obésité :

“fat tax may increase obesity, as it may reduce not just the consumption of junk food, but also the time devoted to physical activity.”
Source : http://economix.blogs.nytimes.com/2009/07/30/do-fat-taxes-work/

Simon PORCHER a dit…

Merci pour votre commentaire. Je développer un peu votre argument:

"une taxe sur la junk food pourrait accroître l'obésité car les gens prendraient plus de temps à cuisiner aux dépens de leur activité physique".

Il est vrai que dans la réalité, l'effet d'une taxe sur la junk food est incertain en termes d'effets sur l'obésité. Mais les obèses ont une activité physique déjà très limitée, donc la réallocation de leur temps de l'activité physique à la cuisine est limitée. En fait, selon votre humble serviteur, la réallocation se ferait plutôt du temps passé à manger au temps passé à cuisiner. Le fait de cuisiner - la "slow food" en quelques sortes - limite l'empiffrement.

Mais d'accord avec vous. Taxer ne modifie pas forcément les incitations autant que les interdictions ou que les réglementations. Dans ce cas là, une mesure appliquée au Japon par exemple est de limiter les ascenceurs pour des hauteurs de moins de deux étages. A appliquer en France?

OSC a dit…

Bonjour,

connaitriez-vous des études qui développent le point sur les modes de consommation socialement "profilés" (notamment de quoi est fait le repas de telle catégorie sociale, de telle autre, etc.) ? Je suis preneur de toute référence (économie ou sociologie).

Merci !

ODI a dit…

Vous pouvez trouver des études de l'INSEE dans le volet "Conditions de vie" sur l'obésité et les paniers de consommation des ménages selon leurs revenus.

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