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UK: best party place in the World?

lundi 3 mai 2010
Dans un post de février, nous avions déjà souligné les dangers liés à l’alcoolisme des piétons. Mais nous avions volontairement écartés les chiffres liés aux agressions. En effet, l’alcool est un accélérateur de festivités autant qu’un destructeur des rapports humains. Un article récent du Wall Street journal évoque l’augmentation de la consommation d’alcool au Royaume-Uni. La consommation d’alcool pur par personne y a augmenté de 19% entre 1980 et 2007, alors qu’elle a diminué de 13% dans les pays de l’OCDE. A titre d’exemple, la consommation moyenne a diminué de 17% aux Etats-Unis, de 24% au Canada, de 30% en Allemagne et de 33% en France d’après l’OCDE. Au total, les plus de 15 ans du Royaume-Uni boivent 448 millions de litres d’alcool pur chaque année. C’est environ 25 milliards de verres. Soit plus de 500 verres par personne. Best party place in the world !

Quelles sont les conséquences économiques de cet esprit festif ? D’abord un coût économique énorme pour le NHS : l’alcoolisme coûte 3 milliards d’euros tous les ans. Et de nombreux incidents : à Cardiff, on recense 1500 agressions liées à l’alcool tous les week-ends. C’est beaucoup pour une ville de 300 000 habitants…qui compte tout de même 150 000 personnes dans ses rues le samedi soir. Une personne qui sort une fois par semaine est donc victime en moyenne d’une agression tous les ans. Pour faire face à ces incidents, plusieurs townships ont déjà légiféré : horaires d’ouverture limités, réglementation contraignante sur l’utilisation de gobelets en plastique plutôt que des verres. On compte en effet 87000 attaques au verre tous les ans en Grande-Bretagne. Criminalité et alcool font généralement bon ménage.

Les comportements à risques sont également encensés par l’alcool. A partir de données espagnoles, Ana Isabel Gil Lacruz, Marta Gil Lacruz and Juan Oliva Moreno (2009) montrent en utilisant des méthodes parfois critiquables que la consommation excessive d’alcool augmente la probabilité de rapports sexuels à risques. L’abus d’alcool est doublement coûteux puisqu’il a des conséquences sanitaires/économiques fortes : maladies sexuellement transmissibles et grossesses non-désirées.

La Grande-Bretagne envisage actuellement, en cette période d’élections législatives, une réglementation plus forte de la vente d’alcool et une taxation plus importante des boissons alcoolisées sur le modèle suédois. En Australie, un débat récent sur la taxation de l’alcool proposait une taxe « anti-cuites » proportionnelle au pourcentage d’alcool contenu dans la boisson. Dans un article récent, Srivastava et Zhao (2010) montrent que les personnes ayant le plus de «cuites» ont i) des comportements à risques plus fréquents que les buveurs occasionnels, ii) consomment majoritairement des alcools «forts» et iii) prennent généralement leurs «cuites» lorsqu’ils sont chez eux et non en dehors. La solution politique pour limiter les «cuites» serait de taxer très progressivement - et non proportionnellement - les alcools par degré alcoométrique.

En France, l’accise sur les alcools qui consiste à prélever n euros par litres d’alcool vendus est très progressive tandis qu’une taxe de santé publique dite «Premix» prélève 11 euros par décilitre d’alcool pur et qu’une cotisation de santé publique s’applique aux boissons titrant plus de 25% vol. Compte tenu de l’addiction des français à l’alcool - ils consomment 25% de litres d’alcool pur en plus que le Royaume-Uni – les marges de taxation semblent encore élevées. Autre solution : taxer fortement les comportements à risque sous l’emprise de l’alcool. Levitt et Porter (2001) proposaient un modèle économique mettant en balance le coût d’une vie et la probabilité de mourir suite à un accident avec un chauffeur ivre. Le montant du délit d’ébriété au volant devrait être pénalisé par une amende de 8,000 dollars. A mettre en place ?

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1 commentaire:

Yannick Bourquin a dit…

"les marges de taxation semblent encore élevées"

+1

Chaque fois que je tombe sur une nouvelle étude qui montre à quel point l'impact de l'alcool sur les comportements dangereux est important, ça renforce ma conviction que les taxes ne sont pas assez élevées au regard des dégâts que ça peut provoquer.

Et pourtant, j'aime bien picoler !

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