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L'Irlande doit faire défaut

mercredi 17 novembre 2010






Consciente du fait que les fonds d’investissement étranger spéculent sur la faillite de l’Irlande, Merkel avait annoncé la semaine dernière qu’il n’y aurait pas d’aléa moral : si l’Irlande fait faillite, les détenteurs de titres de dette irlandaise devront également assumer une partie des pertes. Conséquence : les taux d’intérêt à 10 ans de la dette irlandaise ont atteint 9%, un record historique depuis la création de l’euro.

Lors de la crise financière grecque, à la mi-2010, l’Europe a mis au point un fonds de sauvetage de 440 milliards d’euros destiné à aider les états en difficulté. Un montant qui ne serait pas suffisant si l’Irlande, le Portugal et l’Espagne avaient besoin d’y recourir simultanément.

Alors que la dette irlandaise sera bientôt plus élevée que sa richesse nationale – avec un déficit annuel de 32%- l’Irlande devrait connaître une chute des prix de l’immobilier de 65%, une stagnation économique sur les dix prochaines années, une émigration massive, des taux d’intérêts élevés (supérieurs à 6%) avec une inflation très basse (donc des taux réels élevés).

Moralité : l’Irlande n’a pas d’autres options que de faire immédiatement défaut pour que le FMI, la Commission et l’Union européenne puissent restructurer sa dette avec la mise en place de réformes structurelles drastiques et la mise en place d'une politique économique plus équilibrée. Les contribuables irlandais ne peuvent porter à eux seuls le fardeau de la dette publique et l’impôt sur les sociétés irlandais - actuellement à 12,5% - devra être remonté à 28% au risque de voir les investissements directs à l’étranger s’effondrer. Le financement de la dette irlandaise devra se faire par la Banque centrale européenne, c’est-à-dire par l’ensemble des Etats européens. A l’heure actuelle, ni Bruxelles, ni le FMI ne souhaitent venir en aide à l’Etat irlandais.

Pourtant la faillite irlandaise cache quelque chose de bon. Elle représente effectivement un pas en plus dans la construction de l’Europe. Petit à petit, nous convergeons vers l’idée qu’il est nécessaire de maintenir une croissance équilibrée (qui ne se fait pas au travers du financement de bulles immobilières avec des déficits et une dette publique modérés) et qu’une zone monétaire ne peut exister qu’avec la mise en place d’un fédéralisme budgétaire.

Par fédéralisme budgétaire, je n'entends pas le transfert de la levée de l'impôt à Bruxelles mais le fait de consacrer 1 point de PIB en plus au financement de politiques communautaires et à un fonds de sécurité pour faire face aux récessions. Faisons en sorte que l’Europe avance.

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