Le débat sur la révélation des fuites des canaux diplomatiques de WikiLeaks ne porte pas tant sur l'opportunité de révéler des informations confidentielles que sur les nouvelles possibilités de diffusion liées au progrès technologique. De tout temps, des administrateurs, de simples salariés ou des "agents doubles" ont divulgué des informations secrètes. Ce qui change aujourd'hui n'est pas l'acte de divulgation mais bien la manière et la rapidité à laquelle l'information est obtenue. En quelques clics, un stagiaire du Ministère de la Défense ou des Affaires Etrangères peut télécharger des dizaines de notes diplomatiques - évidemment non-classées comme "Secret Défense" - et les diffuser quasi-immédiatement sur un "Wikio", un centre de partage. La liberté d'expression prend donc une forme inédite par les modes de diffusion mis en place et cela renvoit à toute l'importance des modes de stockage des données pour se protéger des fuites.
Du point de vue du citoyen et du droit à l'information, le cas WikiLeaks va au-delà de la question de la transparence, déjà débattue à plusieurs reprises. Bien évidemment, personne ne rêve d'une société panoptique dans laquelle chacun observerait les actions de l'autre dans ses moindres détails. En revanche, l'affaire pose deux nouvelles questions:
- celle de la place du citoyen dans l'information puisque le contributeur de WikiLeaks est volontaire et encourt a priori à lui seul le risque juridique liée aux fuites;
- la place du journalisme dans ce nouveau mode de diffusion puisque le traitement de l'information et donc son interprétation au regard des faits, plus que son obtention, retrouve une grandeur parfois étouffée par la simple révélation. La presse écrite de qualité tire donc son épingle du jeu alors même qu'elle était concurrencée par de nombreux sites d'information "brute" qui vivaient justement de simples "fuites".
Le risque lié à l'affaire WikiLeaks réside plutôt dans le niveau de sécurité et de rétention de l'information qui va être déployé dans les relations internationales et dans les activités économiques. La divulgation de positions diplomatiques, autant que la révélation des bavures américains en Irak, ou que la mise à jour de systèmes de corruption dans les multinationales, n'a rien de dangereux tant que la sécurité des auteurs et des personnes impliquées est respectée. En revanche, l'arrêt ou la diminution du partage des informations diplomatiques peut être dramatique tant la bonne compréhension et la coordination sont essentielles aux partenariats stratégiques.
Enfin, ne faisons pas de Julian Assange un défenseur de la liberté d'expression ou un anti-démocrate terroriste. Il n'a rien d'un idéologue et semble plutôt être un nihiliste qui utilise la liberté d'expression pour s'auto-promouvoir.
5 commentaires:
Bonjour,
traiter Julian Assange de nihiliste qui utilise la liberté d'expression pour s'auto-promouvoir est un peu facile et surtout une conclusion très rapide.
Bien que je ne conteste pas la première partie de la phrase, ce qui me gêne c'est le mot "utiliser" : Julian Assange a fait beaucoup pour la liberté d'expression et pour la confidentialité des données pour les simples citoyens alors qu'il n'avait aucun moyen d'être connu par ses actions.
Ce n'est pas un newbie dans la cryptologie ou dans le développement de logiciels libres destinés aux citoyens.
Donc le mot utiliser est un peu fort ou alors si il a galéré 20 ans pour la liberté d'expression en prévoyant d'être reconnu grâce à ça c'est un très bon visionnaire
Parce que votre chronique est peut-être là pour me promouvoir, moi? Et vous avez laissé le lien qui y mène dans votre commentaire du Monde.fr pour promouvoir Libé? "En revanche, l'arrêt ou la diminution du partage des informations diplomatiques peut être dramatique..." Non! Il est seulement question d'éviter que les infos diplomatiques ne soient détenues par plus de 3 millions de personnes et que cela continue d'être considéré comme "secret". Heureux que je n'ai pas payé pour vous lire.
@Emilio: ni vous, ni moi ne nous decrivons comme soldats de la liberte d expression...
@anonyme: nous ne souhaitons pas non plus sa mort, lisez la chronique de notre avocat sur Assange
@Emilio: c'est l'arrêt des relations diplomatiques pour se protéger d'une fuite qui est dramatique; pas le fait qu'il y ait des fuites du moment qu'elles ne portent pas atteintes à la sécurité des diplomates et des expatriés...
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