J'avais déjà évoqué à plusieurs reprises sur ce même blog le coût de naître femme, le rapport des femmes au bonheur, les discriminations éthiques et sexuelles dont elles pouvaient être victimes. La journée des femmes est le moment de relancer le débat: pourquoi les femmes sont-elles meilleures à l'école mais sous représentées dans les postes à fortes responsabilités et surtout moins bien payées (environ 20% en France) à poste égal?
J'évoquais dans un précédent billet l'importance de la génétique:
"Ichino et Moretti (2009) démontrent à partir d’une étude sur les salariés d’une entreprise que l’absentéisme résultant des désagréments liés aux cycles menstruels explique 14% des différences salariales entre hommes et femmes. L’absentéisme régulier lié aux règles (...) des femmes de moins de 45 ans constitue un « signal » négatif qui les pénaliserait dans l’ensemble de leur carrière. Elles ont effectivement un moindre accès aux promotions managériales internes du fait même de cet absentéisme régulier alors qu’il n’affecte pas pour autant leur productivité globale."
L'absentéisme des femmes, lié aux tâches ménagères qu'elles acceptent (car leur mari gagne plus) ou qu'on leur impose (car leur mari ne fait rien), n'affecte en rien leur productivité mais leur donne une mauvaise image, celle de ne pas être totalement disponible pour leur employeur. Le temps contraint des femmes lorsqu'elles ont des enfants est un frein à leur carrière et in fine à leur liberté dans la mesure où elles souhaitent mettre en avant cette carrière professionnelle. Les études récentes, si elles confirment le moindre appétit des femmes pour les matières techniques et souvent plus rémunératrices, renforcent en tout cas l'idée que le temps de la famille et le temps de la réussite personnelle doivent être mieux aménagés:
"Une partie des inégalités salariales est justifiée par les différences de durée de paie entre les genres - les femmes connaissent des ruptures de leur activité salariale plus régulières que les hommes, notamment du fait de la maternité – mais également par des choix de scolarité moins rémunérateurs. (...) il y a une réalité sociologique évidente : les femmes prennent plus de congés que les hommes pour assurer des tâches familiales quotidiennes (s’occuper des enfants malades par exemple) et les écarts de salaires sont persistants en contrôlant pour les diplômes et les spécialisations (Goldin et Katz, 2009)"
Bertrand a par la suite rejoint Goldin et Katz pour produire une étude plus détaillée sur les notes de MBA des femmes avec ou sans enfants et sur la suite de leur carrière. L'interruption de carrière pour une maternité peut sceller le sort des femmes en cassant leur valeur sur le marché du travail de près de 40% selon Bertrand et ses collègues. Une femme éduquée qui n'est pas dans le besoin peut donc être incitée à quitter le marché du travail.
Je pense que le sort des femmes sur le marché du travail est lié à deux choses: l'amélioration de l'adéquation entre temps contraint et temps du travail et la discrimination positive à l'égard des femmes dans les mécanismes de promotion interne dans les conseils d'administration ou dans les postes de cadre dirigeant. Mais pour que cela marche, il faut évidemment qu'il y ait consensus sociétal pour soutenir la démarche. A défaut d'une réglementation, les incitations financières peuvent être justifiées. Je reprenais dans mon post l'année dernière une des conclusions d'Ichino et Moretti (2009):
"Le débat sur l’égalité salariale devrait donc aborder les questions suivantes : doit-on subventionner les femmes de moins de 45 ans ou avantager les femmes de plus de 45 ans dans les nominations et les promotions professionnelles?"
1 commentaire:
Les femmes ne sont pas payées 20 % de moins à poste égal car il faut tenir compte de la durée de travail, du niveau de responsabilité, de la taille de l'entreprise, du secteur d'activité etc...
C'est très bien expliqué ici le mythe de l'écart salarial à travail égal :
http://cyrille.godonou.free.fr/Questions%20sociales/Le%20mythe%20de%20l%20ecart%20salarial%20%C3%A0%20travail%20egal.htm
Enregistrer un commentaire