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Idées reçues sur les 35H (2/2)

vendredi 7 janvier 2011


Dans la continuité du billet précédent.

Les 35 heures ont renchéri le coût du travail en France

Argument souvent utilisé par la droite, il est tout simplement faux. S’il est exact de dire que la réduction du temps de travail de quatre heures à salaire constant renchérit mécaniquement le coût du travail de 10 % environ, cet effet a été compensé par des réductions de charges sociales de même ampleur. Ainsi le coût du travail est-il resté globalement inchangé pour les entreprises. Il est vrai que la prise en charge partielle des allègements de charge sociales par l’Etat se traduit par un choc budgétaire (accroissement du déficit public). Toutefois, celui-ci est compensé par les créations d’emplois permises par les 35 heures, lesquelles accroissent les recettes de l’Etat.

On peut plutôt penser que c’est l’extension des allègements de charges sociales à tous les salariés, quels que soient leurs temps de travail, initiée par la loi Fillon de 2003, qui a contribué à augmenter le coût relatif d’un salarié travaillant 35 heures par rapport à un autre travaillant 39 heures. En effet, le coût total supporté par l’entreprise est le même, alors qu’il était moins élevé avant 2003 pour les salariés travaillant 35 heures en raison des allègements de charges sociales accordés. Par ailleurs, en étendant les allègements de charges sans contrepartie des entreprises en termes d’embauche, les assouplissements de 2003 n’ont fait que creuser davantage les déficits publics.

La stagnation du pouvoir d’achat est directement liée aux 35 heures

Les salariés auraient échangé une stagnation de leurs salaires contre une augmentation de leurs loisirs et de leurs temps de repos. Les 35 heures ayant en outre renchéri le coût du travail, les entreprises ne seraient plus capables de payer davantage les salariés.

L’idée reçu réside ici dans le fait de croire que le salaire dépend du temps de travail. En réalité, la théorie économique est claire : le salaire ne dépend pas du temps consacré au travail mais de la seule productivité du salarié. La malhonnêteté du slogan « travailler plus pour gagner plus » apparaît ainsi distinctement : c’est en étant plus productif qu’on gagne davantage, non en travaillant plus longtemps. La preuve en est qu’une augmentation de salaire liée à une augmentation de la durée du travail augmente certes le salaire total mais non le salaire horaire. De plus, la théorie économique la plus classique affirmant que la productivité marginale est décroissante, toute augmentation du temps de travail s’accompagne d’une baisse de la productivité du salarié, si bien que la production d’une entreprise finit par stagner. Une entreprise ou une collectivité n’a pas nécessairement intérêt à voir ses salariés travailler plus longtemps puisqu’il en résulte une diminution de la productivité globale.

Aussi ne s’agit-il pas, pour augmenter les salaires, d’augmenter la durée du travail mais d’augmenter la productivité des salariés en France. Pour cela, il existe bien sûr la formation –initiale et continue- mais aussi les investissements des entreprises, lesquels peuvent accroître la productivité de leurs salariés. C’est peut-être dans le déficit d’investissement des entreprises et dans les failles du système de formation qu’il convient de chercher l’origine de la stagnation des salaires. Celle-ci peut aussi être expliquée par la croissance des inégalités salariales, la forte hausse des très hauts revenus masquant la stagnation des revenus intermédiaires.

Lire la suite.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Une des mines de productivité des entreprises consiste en une meilleure organisation du travail et de l'encadrement.
Sur les chantiers de construction sur lesquels je travaille, je constate chaque jour, à côté de chefs capables et sachant gérer leurs équipes, des gestions catastrophiques de l'activité conduisant à des reprises de travaux longues, coûteuses, sources d'un gaspillage indescriptible.

J'ai eu l'occasion de réaliser ce constat dans des entreprises de secteur très variés, du BTP à la recherche aérospatiale.

Et encore je n'évoque pas le gaspillage de ces projets délirants qui sont par eux-mêmes l'incarnation du gaspillage (cf. les produits du complexe militaro industriel)...

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